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Le plat pays

La saison BCF est lancée ! Durant 27 jours, les routes du Pajottenland et du Hageland étaient noires, jaunes et rouges. Comme le veut la tradition, le BAVET National a ouvert la saison des classiques avec l’objectif de désigner le champion national au sein de chaque peloton. Une remise en forme idéale à la sortie de l’hiver, mais aussi l’occasion pour les observateurs et les directeurs sportifs de découvrir les forces en présences au sein des différents échelons. Tour d’horizon des principales leçons de ce National.

Avec le vent de l’ouest, écoutez le sprinter

Les stratèges du peloton auront rapidement compris que le maillot tricolore n’allait sans doute pas se résumer à une bagarre entre grimpeurs. Avec des cathédrales à défaut de montagnes, le profil de l’épreuve était même plus favorable aux rouleurs grâce à des sprints très généreux en points et de nombreux secteurs techniques. Dans ce contexte, les petits bergs du Hageland ne pesaient pas lourd dans la balance. Même si bien sûr, il y avait Grammont et le prestige de basculer premier tout en haut d’un monument. Mais le National s’est joué ailleurs. Là où le vent souriait aux hordes de sprinteurs. C’était écrit.

Attirées par tout ce qui monte, plusieurs formations sont néanmoins tombés dans le piège. À commencer par l’armada La Grolla. Véritable sensation du dernier mercato, l’équipe rassemble ce qui se faisait de mieux au sein des équipes Flamingo et Maïzena et une collection impressionnante de maillots BCF. Pourtant, la formation repart bredouille d’un National où, malgré une belle endurance, elle n’a jamais vraiment trouvé son rythme. La troisième place au maillot à pois de Jardon fait office de maigre consolation pour un collectif qui vise beaucoup plus haut. Heureusement la suite de la saison devrait sourire d’avantage aux formations plus à l’aise lorsque la route s’élève, avec en point de mire le Tour des Vosges. En attendant, les couleurs du National étaient plutôt Noir, Jaune, Vert.

Habitués des podiums, ou étaient Jardon et Stas lors de ces Championnats de Belgique ?

Catch me if you can

Fin du suspense. Après des semaines à jouer au chat et à la souris, les cadors sont de retour au panier. Et au final en Pro Tour… le chat s’appelle toujours Asselberghs. Encore perdant le matin de la dernière journée, l’indomptable leader de la K7 a opéré un véritable hold up le 27 mars. Très mobile grâce au soutien logistique de son directeur, Kominator fait le tour des segments. Avec acharnement mais sans prêter attention aux segments grimpeurs, il repart à l’attaque des 9 segments sprinteurs et flandriens. Il y réalise son meilleur temps sur 6 d’entre eux.

Une opération éclaire qui écoeure tous ses adversaires. À commencer par Mathieu Carette (DFF). En finissant 13 points derrière Paul le Poulpe, il échoue pour la deuxième année consécutive sur le podium du National. Net niet. En troisième position, on retrouve Thibault de Walque. Le néophyte couronne une très belle entrée en matière de son équipe Immo Hendrix – Sud Motor.

Consultant pour Bonneville Magazine durant le National, le coureur Sterke Ludo Giuseppe Gambardella commente:

“Asselbergs fait 3 fois le secteur de Gemp le 27 mars: à 17h47: 53s, à 18h00: 51s, à 18h49: 49s.
Deux secondes qui valent un bon de 3 places et de 8 points. Deux secondes qui repoussent aussi Carette en 4e position et qui lui font perdre 5 points. Au total, 13 points sur son opposant direct. C’est l’écart qui lui permet d’être champion de Belgique .”

Dorian Giuseppe Gambardella
Asselberghs, What Else ?

En Continental, la bagarre est encore plus féroce puisque ce sont quatre coureurs qui se tirent la bourre sur tous les segments: Spoel (Camber – Krëfel), Chevalier (NCT), Gambardella (Sterke Ludo) et Melin (Duvel Cycling). Gambardella, le plus actif des quatre, en avait fait l’objectif de sa saison. Bien aidé par ses lieutenants Jalatreppe et Dufrasnes, en coulisse le leader confie néanmoins regretté l’implication d’autres coureurs Sterke Ludo qui n’auraient “pas pris la peine de lui offrir des points en bouclant tous les segments“. Il monte sur la troisième marche du podium, mais se consolera avec le maillot vert qu’il portera aux Routes Noires (2e, derrière le champion de Belgique).

Plus complet que ses adversaires, Spoel enchainent les bonnes opérations dans les derniers instants du National. Il clôture l’exercice avec un matelas de 37 points sur Jeremy “le Sablier” Chevalier*, qui empochent malgré tout le maillot flandrien. Quatrième du général, Melin devrait porter les pois aux Routes Noires.

Sur le grand plateau féminin, on comptait sur quatre dents pour mettre du braquet: Lucarain (Zinneukeuses – Brussels Unchained), Troostembergh, De Halleux (Dérailleuses) et Van Belleghem (8L). Complètement déchainée, la coureuse des Brussels Unchained repart avec les lauriers après une domination écrasante sur les secteurs flandriens et grimpeurs. Issue de l’école Unchained (ex. RxB Racing), Juliette était bien encadrée pour revêtir le maillot tricolore. Directeur de la structure, Kim Smouter réagit:

“Après une première saison sous les couleurs de RxB Racing, nous avions à coeur d’aller plus loin. C’est pourquoi, nous avons créé “Unchained” qui aligne trois équipes: ‘Brussels Unchained’ en Men Continental, ‘Zinneukeuses’ et ‘Jeannekes’ chez les Ladies. Débuter la saison par un tel coup d’éclat, c’est exceptionnel !”

Kim Smouter, Manager Brussels Unchained

*Les mollets de Chevalier (NCT) étant aussi larges que ses cuisses, on lui prête le surnom de ‘sablier’.

Comme au Tour, Troostembergh (ici en jaune) échoue sur la deuxième marche du podium.

Alleen ga je sneller, samen gaan we verder

Pour espérer enfiler le maillot bleu de leader de la fédération, les formations n’avaient d’autres options que de passer par la terrible épreuve de l’endurance. Le défi collectif ultime puisqu’il récompense les coureurs d’une équipe ayant parcouru ensemble la plus longue distance en une seule journée. Dans cet exercice mental, c’est la formation Delta Sabena qui est la première à décoller. Avec un plan de vol de 2411km (6 mars), elle réalise une performance remarquable. En partant si tôt, la nouvelle formation donne le ton. Mais elle offre surtout une carotte pour toutes les équipes qui passent derrière. La Sabena finira 8e en Pro Tour avec un Delta de 1400km sur les premiers.

Au sein des trois pelotons, c’est finalement dans la deuxième quinzaine du National que le défi s’emballe. Chez les Ladies, la performance savamment préparée des 8L (19 mars) portent ses fruits. Poursuivies jusque dans les derniers instants par les Jeannekes et WoW Cycling, elles ne seront pas inquiétées. Elles repartent du National avec le maillot bleu !

En Pro Tour et en Continental, il fallait se montrer très patient. Chaque jour, une nouvelle équipe se présentait pour faire craquer le plafond kilométrique. À ce petit jeu, les plus malins se nomment Epilation First – Bon Secours (3830 km, 26 mars) et Les GO font DUVEL’O (2629km, 27 mars). Sur papier, ces deux formations ne semblaient pourtant pas avoir misé sur la meilleure des stratégies.

Epilation First, en plein brainstorming sur la stratégie à adopter avant l’Endurance.

Bien que très aérodynamiques, les coureurs Epilation First choisissent de ne pas rouler tout droit vent dans le dos. Au contraire, le choix se porte sur une sur une boucle de … 8km à parcourir 50 fois (400km, 2400 D+). Suffisamment pour conserver le titre de Local Legend durant quelques semaines. Dans cette ambiance de kermesse, les coureurs ont pu profiter du soutien des familles sur le bord des routes et du coup de pédale de “tous les copains” venus mettre un petit relais. Pink is the new blue.

En Continental, que dire de la prestation des GO font DUVEL’O ? Partis pour la grande odyssée le dernier jour du National, les gentils organisateurs ont surpris tout le monde. Et pas qu’en termes de kilomètres ! Une opération orchestrée dans le plus grand secret avait pour objectif de ramener le maillot bleu et de réaliser une entrée fracassante au sein du peloton BCF. Loin d’être effrayée par le dénivelé du parcours choisi, la jeune formation marque la carte de la Belgique au fer rouge avec le logo de son sponsor et réalise le plus beau coup du National. Un succès qui leur assure le titre de l’Endurance, le maillot bleu … Et pour faire mousser le tout, le prix de Super Combatif du National (attribué à Alex Clerbois qui collectionne le plus grand nombre de km). À la vôtre !

Dommage le mec qui a laissé sa trace continuer jusqu’à Leuven. Un peu de sérieux les gars, merde.

Fait marquant, aucune des trois formations ayant remporté l’Endurance en Pro Tour, Continental et Ladies ne repart avec un autre maillot du National. Hormis la DFF, c’est également le cas pour toutes les formations finissant en deuxième position. Il faut dire que l’épreuve laisse des traces. Y aura-t-il encore du jus dans le moteur de ces coureurs au moment de prendre le départ des Routes Noires ?

Que des numéros 10 dans ma team

S’il n’y avait qu’une chose à retenir du National pour les équipes visant un bon classement par équipe, c’est la suivante: “Tout le monde doit rouler, sur tous les segments. Punt aan de lijn.” En effet, chaque segment parcouru par un coureur de l’équipe ramène 1 point à tous ses coéquipiers (10 points collectifs par segment donc). Sur les 15 segments du National, cela fait un total de 1500 points cadeau à aller chercher pour l’équipe, peu importe la manière.

Nénu Cycling Team (NCT) en repérage en haut du Mur de Grammont, avant le National.

Habitués à sortir les calculettes, l’encadrement Domo Farm Frite n’a pas loupé la bonne affaire. Et le message aux coureurs est clair: pas d’exception. Devenu papa le matin du dernier jour du National, le sprinteur maison a bien saisi le message. Quelques heures après l’événement d’une vie, Yak quitte la maternité avec son vélo de ville afin de boucler les derniers bergs qui lui manquaient dans un aller-retour express vers le Pajottenland. Résultat, le dévouement paie. La DFF trônent en tête du classement par équipe et ferait bien d’envoyer un bouquet à la jeune maman.

En continental, le Sablier (Nénu Cycling) et ses lieutenants confirment qu’ils possèdent un des collectifs les plus solides du Continent. Ils devancent Camber – Krëfel et Duvel Cycling. Chez les femmes, la version féminine de la K7 montre la voie à suivre. Les 8L (prononcez “huile”) débutent la saison en tête du classement par équipe !

Avec le vent du nord, écoutez le craquer

À la sortie de l’hiver, les organismes des coureurs ont souffert pour venir à bout des défis du National. Sans craquer, de nombreux coureurs ont brillé dans cet exercice. Alors si la majorité repart sans maillot à points, le prix du Super Combatif* leur est dédié. En Continental, Alex Clerbois portera la tunique rouge en hommage à la prestation magistrale des GO font DUVEL’O. En Pro Tour, c’est un coureur arrivé affamé sur le circuit qui est récompensé. Très actif sur les segments, Fabien Binard (La Dalle) est aussi le garçon qui totalise le plus grand nombre de kilomètres avec Haenecour (EF). Chez les Ladies, coup de projecteur sur une coureuse d’exception: Ophélie Broze. Capitaine des ShimaGO, elle a plongé avec ses copines dans le grand bain du vélo. Il faut dire que l’histoire des ShimaGO est particulière. Huit copines, vivant ensemble en colocation, décident de se lancer dans le vélo. Résultat, ça fait une équipe BCF, un salon rempli de vélos et désormais un maillot Combatif à encadrer au-dessus de la cheminée !

De l’esprit combatif, il en faudra encore au moment d’aborder les Routes Noires et les ascensions sèches du pays de Charleroi. Après un National sous le soleil, les conditions s’annoncent moins clémentes pour la première classique physique de la saison. Un vent du nord, qui risque d’en faire craquer plus d’un*.

On termine par une image de notre Champion National, tout sourire, dans un des plus beaux endroits du plat pays : “In de Oude Smis van Mekingen” (ici en compagnie des baroudeurs La Chatte – Magerotte).

*Sur le National, le prix du Combatif n’apporte pas de points bleu. Sur les classiques physiques, le maillot combatif apporte 60 points bleus.
**Les porteurs de maillots distinctifs pourront collecter leur maillot à l’accueil avant le départ des Routes Noires.
***Pour assurer du quality time en peloton après les Routes Noires, l’abbaye d’Aulne se met à l’ambiance After-Ski. Alors, ramène-toi avec ta plus belle moumoute, ton bonnet et tes moufles. Les brazeros, les chauffages extérieurs et la playlist des Bronzés s’occupent de faire grimper la température. Il ne manquera que le vin chaud, remplacé par le houblon de l’abbaye !

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