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Flamingo – Mapei, flop du National ?

Une analyse de notre consultant Gérard Mullens, pour Bonneville Magazine.

Tandis que cela frotte encore au sprint des Landes et sur les pavés de la Moskestraat, l’heure est au bilan pour certaines formations.

Photo d’équipe de l’armada Flamingo, à l’aube d’une saison 2020 qui fut exceptionnelle pour les Oiseaux

Flamingo, les yeux plus gros que le ventre

En clôturant la saison 2020 avec le maillot bleu et le classement par équipe dans ses bagages, la formation Flamingo – Mapei arrivait logiquement avec une étiquette de favori sur ce National. Forte de ces deux leaders, Jardon et Stas, l’équipe espérait briller sur plusieurs tableaux. La stratégie abordée est donc volontairement offensive. Dès le départ, les oiseaux Flamingo sont à l’attaque sur tous les fronts et tous les secteurs.

Malheureusement, ça coince ! A quelques heures de la fin du National, le verdict semble inévitable. Selon la dernière publication des résultats provisoires (28 avril), les coureurs Flamingo Mapei repartiront bredouille d’Huldenberg. Aucun maillot distinctif et une décevante 9e place au classement par équipe. Malgré deux podiums prestigieux de Jardon (National et maillot à pois), la formation ne cachent pas sa déception.

“Nous avions d’autres ambitions pour le National BCF.”

Brieuc de Viron, directeur sportif
Le top 10 provisoire du classement par équipe Men Pro Tour

Un manager sur la sellette

Lorsqu’on s’appelle Flamingo Mapei et qu’on repart les mains vides d’une épreuve aussi importante, la crise n’est jamais loin. Pointé du doigt par de nombreux observateurs, le directeur sportif de la formation traverse une période délicate. On lui reproche notamment son obstination aveugle à vouloir tout gagner. Une stratégie qui avait porté ses fruits la saison dernière, mais qui se paie cash aujourd’hui. Convaincu de sa supériorité, le manager s’était même félicité de n’avoir opéré aucun gros transfert cet hiver afin de “laisser quelques miettes au reste du peloton“.

Gêné d’avoir outrageusement dominé la compétition BCF en 2020 avec son rouleau-compresseur au maillot bariolé, le directeur sportif de la Flamingo-Mapei, DV « Baron » de Viron vient d’officialiser deux transferts bas de gamme et déforce ainsi volontairement son effectif pour la saison 2021. “Avec les deux chèvres que je viens de recruter pour une croûte de pain, j’ai bon espoir qu’on laisse enfin des miettes à nos adversaires”, s’est félicité le gourou de l’équipe bruxelloise lors d’une conférence de presse organisée sur Zoom.

Extrait du Communiqué Flamingo-Mapei de début de saison, décembre 2020

Adepte du franc-parler, le Baron se retrouve aujourd’hui sur un siège éjectable. Selon des sources proches de l’équipe, c’est l’épreuve de l’endurance individuelle qui aurait le plus terni l’image du manager. Alors aux avant-postes des différents classements, Viron décide de recentrer ses garçons sur ce nouvel objectif. Encouragés par les relais de leurs lieutenants, les deux leaders Flamingo réalisent l’exploit de parcourir 429 km en une journée. Une performance hors norme, saluée par la presse spécialisée et l’ensemble du peloton. Mais malheureusement, l’exploit ne suffira pas puisqu’au final, ils terminent respectivement 6e et 7e du challenge. Certaines voix au sein de l’équipe pointent dès lors une erreur tactique majeure du directeur sportif. En réalisant l’endurance à 10 jours de la fin du National, la formation se serait grillée au sens propre comme au figuré. D’une part, une récupération obligatoire privait Stas et Jardon de performances sur les secteurs à points durant plusieurs jours. D’autres part, en entamant le challenge si tôt, Flamingo offrait une indication essentielle aux autres prétendants: faites un km de plus que nous et vous prendrez la couronne.

Le fameux “club des 400” ou top 10 du défi Endurance.

Ambition aveuglante, orgueil ou stratégie de kermesse, les raisons de cet échec sont multiples et pointent toutes dans la direction du manager sportif de l’équipe. Toujours officiellement soutenu par ses sponsors, l’avenir nous dira si le manager de l’année 2020 restera encore longtemps à la tête des Oiseaux. Le Baron reste en tout cas sur ses positions:

“La tactique était la bonne. A refaire, nous ferions exactement pareil.”

Brieuc de Viron, lors d’un enregistrement téléphonique avec la rédaction.

Stas et paillettes

Bien que non vérifiées, la neutralité journalistique nous oblige à analyser d’autres raisons potentielles de cet échec. Parmi celles-ci, en voilà une qui risque de faire les choux gras de la presse cette saison: les deux leaders de la formation ne s’entendraient plus !

Las d’être dans l’ombre du maillot bleu, Stas voudrait jouer sa carte personnelle et ambitionnerait de porter les pois en fin de saison. Le talentueux grimpeur, qui ferait les beaux jours de n’importe quelle autre formation, ne se plait plus chez Flamingo. Des bruits de couloirs indiquent qu’il serait déjà en contacts rapprochés avec plusieurs formations Pro Tour en prévision d’un transfert la saison prochaine. Toujours à l’affut des bons coups, monsieur Thomée (directeur sportif Domo – Farm Frites) tiendrait le bon bout après avoir offert une proposition qu’on ne peut pas refuser.

Une attitude qui fait grincer des dents dans l’entourage de l’équipe. Selon certains équipiers, Stas aura attrapé le gros coup après ses solides prestations de 2020. Un changement de mentalité peu apprécié qui lui vaut les surnoms de starlettes ou de Stas et paillettes au sein de l’équipe.

Stas, maillot à pois sur les épaules après la classique Bonneville – Bonneville

Autre explication avancée pour ces résultats en demi-teinte, le calendrier personnel des coureurs. En préparant cet article, notre rédaction apprend notamment que Jardon, le maillot bleu 2020, est devenu l’heureux papa du petit Emile en cette dernière semaine du National. Bienvenue à cette graine de champion dans la grande famille BCF !

Les Snuls Cycling

Autre immense déception de ce National, la formation Nénu Cycling (ex. Festina – Tesco). Avec à peine 18 points récoltés sur l’ensemble des défis, l’équipe pointent à une triste 20e place au classement collectif (loin de sa belle 3e place en 2020).

Mais c’est surtout la forme très inquiétante de son leader qui pose question. Jim Bourgoignie, double maillot vert 2019 et 2020, brille par son absence de tous les classements. Ayant également connu les joies de la paternité récemment, le taureau du Fort Jaco semble avoir d’autres priorité. Et c’est toute son équipe qui plonge avec lui.

Présent dans la joint venture du lundi soir à l’assaut du Sprint du Plateau (ndlr : DFF, Nenu, Lidl – LVMH, Renmans-Agrigeer), le sprinteur maison n’a pas réussi à tenir le train et jouer la bagarre avec les autres prétendants du jour. Finalement, c’est son lieutenant Braun qui clôturera le travail pour entrer dans les points, malgré tout. Loin derrière un impressionnant Wijngaard, le plus rapide sur le plateau (Lidl-LVMH).

Face à la méforme de leur leader, les coureurs Nénu Cycling auraient pu (auraient du) se positionner dans d’autres secteurs. On aurait ainsi aimé voir un grimpeur tel que Dallas ou les puncheurs Herinckx et Braun se battre dans les secteurs grimpeurs. Mais une stratégie toujours orienté à 100% sur le maillot vert semble avoir anesthésié les jambes de la formation dès que la route s’élève. Seule véritable satisfaction de ce début de saison, le transfert réussi de Antoine Mathieu. L’ex Lucky Strike – La William semble avoir retrouver du jus et le plaisir de rouler depuis son arrivée chez le matricule 1. Il s’impose comme un maillon indéboulonnable du train Nénu.

Antoine Mathieu, la bonne surprise de ce début de saison pour Nénu Cycling

Si il y a des équipes et des coureurs qui ont incontestablement brillé lors de ce National, de vraies questions se posent donc quant à l’état de forme voire à la stratégie abordée par certains cadors du peloton. Parmi les déceptions et les interrogations de ce début de saison, nous aurions également pu pointer la discrétion des autres formations en queue de peloton dans le classement par équipe. Nous espérons ainsi voir d’avantage de Molteni, Monsieur Pneu, Sun For Pools et les néo-pro Tropico Ijsboerke ou Carolo Postal Service durant la suite de la saison.

Mais la route des classiques est encore longue. Et si le National restera une opportunité manquée pour quelques leaders de revêtir un maillot, il faut déjà se projeter vers les prochaines échéances. Avec un programme très varié, nous devrions voir d’autres coureurs aux avant-postes dès le Grand Prix des collines et le contre-la-montre par équipe du 12 juin. Tandis que les spécialistes des Grand Tours, en attente de leur pic de forme, joueront leur saison au Tour de Bourgogne.

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