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Analyse des résultats du Peloton Pro Tour aux Routes Noires

Par Jean Stat

La BCF se professionnalise. Symbole de ce mouvement de fond, les vignettes de cadres autocollantes ont planté le décor de cette évolution. Mais ce n’est pas tout ! Les têtes pensantes du monde de l’analyse sportive ont aussi été recrutées par la BCF, des petaoctet de data ont été crunchés par les supercalculateurs du monde entier afin de sortir des stats au cordeau.

Première classique à passer à la moulinette : les Routes Noires, théâtre d’une féroce bataille entre équipes du peloton Pro Tour. Maintenant que la poussière retombe et que les esprits sont tournés vers les Vosges, prenons un peu de recul pour analyser à froid les résultats. Qui a gagné des points et comment ? 

Rappelons qu’il existe 4 façons de ramasser des points : exploser sa FTP sur la course (Bleu), défier les lois de la gravité (Pois), manquer de respect à sa belle mécanique (Flandrien), affoler le compteur (Vert). 

La somme des points collectés par chaque coureur sur tout type de segment alimente le classement par équipe.

Les Routes Noires répartissaient des points de la façon suivante :

CoursetypeNombrePoints du premierNombre de personne dans les pointsNombre de points par segmentNombre de points totaux par type de segmentsNombre de points effectivement distribués*
Routes Noiressprint3452545613681532
Routes Noirespois2xcat-1; 2xcat-230;2020;15249;145788847
Routes Noirestechnique12015145145164
Routes Noiresbleu112040138813881448

*En pratique, avec les nombreuses égalités, les points effectivement distribués peuvent différer.

Les analyses ci-dessous se focalisent principalement sur les performances d’équipes, en commençant par la répartition des points collectés. Qui a moissonné et où ? Dans le haut du classement, trois stratégies se dégagent clairement. Les généralistes qui tapent dans tous les classements (K7, IHSM,…), les puristes qui ne pensent qu’à la montagne (Grolla, les cuissots avant le cerveau) et les spécialistes du sprint qui croulent sous une avalanche de points (bien rentable en points par watt).

Si on deep-dive dans les résultats, on peut dégager des chiffres surprenants. Les tableaux ci-dessous répertorient le nombre de points rapportés par coureurs et par segments.

Sur le bleu, la Grolla place 6 coureurs dans les points pour un total de 284 points et une moyenne de 47 points par tête de pipe. 3 équipes placent 4 coureurs dans les points : ING Limal Moving Store, Epilation First – Bon Secours, Renowindow – XLG à surveiller pour les futurs CLM !

Sur les pois, rebelote pour la Grolla qui moissonne encore. L’équipe remporte 25% des points totaux mis en jeu sur les segments avec 53 points en moyenne pour les 4 coureurs récompensés.  Deux autres équipes placent également 4 coureurs dans les points : Team K7 et IHSM.  

Etonnamment, c’est ce classement dans lequel on retrouve le plus d’équipes différentes (20). D’ailleurs, 4 équipes y sont uniquement présentes ! La Dalle, Smip – Café Bastoche, Café Longchamps – VAN RYSEL, Babylon by Bike. L’occasion de découvrir des noms dans le peloton.

Enfin, sur le vert, les compteurs s’emballent tant sur la route que dans les résultats. La Domo aspire 27% des points en jeu et score un hallucinant 83 points en moyenne par coureur dans le classement. L’équipe a clairement bien compris où sont les points et son train d’enfer ultra-spécialisé lui permet de se maintenir en tête du classement par équipe par une confortable marge.

Pour les équipes qui végètent en bas du classement, les points du sprint sont donc sans doute une opportunité pour grappiller quelques places. La lutte pour le haut du classement vert est clairement très exigeante mais une dixième place sur un sprint rapporte encore 22 points, l’équivalent d’une 22ième place dans le classement bleu (qui a crié “Scandale” ?) ! 

Un regard sur le reste de la saison (Hors Tour des Vosges) et le nombre de points à distribuer devrait suffir pour convaincre même les plus grands puristes de la montagne d’investir dans une locomotive relativement potable pour watter dans les sections vertes. 

Au micro de Jean Stat, Bonneville Cycling commente cette analyse:

« Il est clair que les sprints sont généreux puisqu’ils récompensent à chaque fois 25 coureurs qui rentrent dans les points. C’est autant que pour un col hors catégorie et plus qu’un col de catégorie 1 (20 coureurs), 2 (15) ou 3 (10).

En fait, il faut observer cela de deux manières:

  1. En matière de points individuels, la différence n’est pas énorme puisqu’un coureur ne rentre qu’une seule fois dans un classement. Vu qu’il y a généralement plus de segments grimpeurs que de sprints, les deux disciplines apportent relativement le même nombre de points pour les classements individuels et le maillot combiné.
  2. En matière de points collectifs, comme le souligne très bien Jean Stat, les sprints sont une très bonne affaire ! Et finalement, c’est assez normal. D’une part, les segments grimpeurs ou le segment bleu révèlent des coureurs souvent au-dessus du lot, parfois capable de faire la différence seul. D’autre part, les résultats sur un sprint sont généralement le fruit d’un vrai travail tactique et collectif où plusieurs coureurs se plient pour offrir la meilleure aspiration à leur leader.

Il est donc normal que les sprints récompensent davantage le collectif et que les formations de sprinteurs soient bien représentées au classement par équipe ! Tout est donc une question de recrutement et d’objectifs de sa saison. Les équipes visant la gagne sur un grand tour voire les pois sur la saison ne peuvent pas toujours se permettre de sacrifier un train entier sur l’autel des sprints intermédiaires. C’est la beauté du cyclisme. Il n’y a pas qu’une façon de gagner. Mais il y a incontestablement des choix à faire. »

*plus de budg’ pour calculer les points du bleu.

**basé sur le Roadbook papier officiel

Jean Stat

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