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Chronique sportive du Tour de Bourgogne

Un Grand Tour, c’est bien plus que quelques étapes qui se succèdent. Un Grand Tour, c’est un tout. Un moment hors du temps où les efforts, les aventures et les rencontres s’écrivent dans la légende. Un rêve, au pays du cyclisme.

« Aucun spectacle ne saurait être comparé à celui que le Tour de France offre chaque été aux populations de nos belles provinces. Le Tour de France c’est une croisade, un pèlerinage, un enseignement, un exemple. »

Henri Desgrange, fondateur du Tour de France

Un Tour, une Vie

Comme l’illustre très bien Monsieur Henri Desgrange, un Tour c’est une croisade à travers les paysages de la France durant laquelle coureurs, managers et supporters passent par toutes les émotions du sport collectif et individuel.

Voici la chronique des 4 étapes du Grand Tour BCF. Une croisade à deux roues sur la terre des Ducs de Bourgogne.

Janssens (La Chatte-Magerotte) et T. Bourgognie (Sterke Ludos) au sommet de la Pélerine de Bué. A l’issue de cette 3e étape, Bourgognie endossera le maillot de la lanterne rose, couronnant le dernier coureur au classement général.

Étape 1 – Contre-la-montre de Saint-Fargeau

Sur les terres de l’écrivain Jean d’Ormesson (illustre propriétaire du château de Saint-Fargeau), plusieurs formations avaient à coeur d’écrire une belle histoire au départ de la première étape. Au programme: un parcours de 11km autour du Lac du Bourdon, très roulant et parsemé d’un secteur grimpeur (catégorie 3) et d’un sprint intermédiaire.

Particularité de ce contre-la-montre par équipe, le chronomètre s’arrête lorsque le dernier coureur de l’équipe passe la ligne d’arrivée. Peu importe le nombre de coureurs alignés au départ. Difficile donc de jouer sur plusieurs tableaux et pas de droit à l’erreur pour les grosses écuries qui rêvent de maillot jaune.

Immense favori au départ de cet exercice, la K7 Cycling Team était sous le feu des projecteurs. Très en jambe la veille lors de l’ouverture du Tour, la jeune formation faisait pourtant preuve de moins de fraîcheur sur la route de Saint-Fargeau. Physiquement affaiblis, les champions de Belgique de la discipline (chrono de Bertinchamps), bouclent le tour en 15:46 et terminent l’étape à une décevante 6e place.

Les Champions de Belgique de chrono (K7 Cycling), en difficulté au bord du lac de Saint-Fargeau. On aperçoit le leader Asselberghs pousser Moyer ‘La Montagne’, lieutenant à la dérive.

Devant, les candidats au titre suprême s’affirment. Impressionnants de lucidité et de sagesse la veille, les coureurs De Koning Quick Stoemp font parler leur expérience pour s’imposer de justesse sur cette première étape. Derrière, les équipes Flamingo – Maïzena (+12sec) et ING Limal Moving Store (+17sec) maintiennent le cap et montent sur le podium.

Ce départ en fanfare aura en tout cas permis de démasquer les écuries aux ambitions de classement général. En effet, un groupe de 7 formations semble déjà s’échapper. 7 formations qui se tiennent en 49 secondes. Au sein de ce groupe, les grands perdants se nomment Renowindow-White Night. Souvent cités comme outsider du Tour, la Reno’ est handicapée par un abandon sur chute et se voit attribuer une pénalité de 30 secondes. 30 petites secondes qui coûteront très cher à l’arrivée du Grand Tour…

C’est la douche froide pour Renowindow – White Night, pénalisée de 30 secondes à l’arrivée du contre-la-montre de Saint-Fargeau.

Derrière, la bataille tactique a débuté. Notamment, entre les formations de sprinteurs. Totalement inexistant cette saison, Nénu Cycling se rappelle aux bons souvenirs de ses stratégies et frappe fort. En abordant l’étape de manière ciblée, la formation repart avec le maillot vert (J. Bourgognie) et le maillot du Combiné (Braun) sur les épaules.

Chez les Ladies, les Women on Wheels (WoW Cycling Team) marque un grand coup en déposant toutes leurs concurrentes au-delà des deux minutes. Résultat: Madeleine de Streel devient le premier maillot jaune de l’histoire du peloton Ladies. L’histoire s’écrit sous nos yeux.

L’autre phénomène de cette première épreuve se nomme Julie de Troostembergh. Malgré la dernière place de son équipe (Les Dérailleuses), Julie roule comme un ouragan et termine en tête du segment grimpeur et du segment sprinteur. Elle empoche donc logiquement les maillots verts, à pois et combiné. Comme un ouragan, qui est passé sur moi, Julie a tout emporté (Stéphanie de Monaco).

Solide prestation de la formation Les Tchêts, qui finissent le contre-la-montre Ladies à une belle troisième place.

Étape 2 – Critérium, Primes et Marseillaise

Après une première remise des maillots et un déjeuner des champions à l’auberge du Lac, il est déjà temps pour le peloton de se plonger dans la deuxième étape du Tour: le Critérium de Dampierre. Un parcours exigeant de 8,5km sur routes fermées à parcourir trois fois.

Sur cette étape, pas de prise de temps pour le général. Seul les 15 premiers empochent des bonifications (+30″, +25″, +22″, +20″, +18″ +16″, +12″, +10″, +8″, +6″, +5″, +4″, +3″, +2″, +1″). le parcours comprend également un secteur grimpeur tandis que des points sprinteurs sont attribués aux 15 premiers à l’arrivée du 3e tour. Finalement, afin de mettre en lumière les lieutenants du peloton, une distinction honorifique est également attribuée aux 3 coureurs qui franchiront la ligne d’arrivée du premier des trois tours en tête. Les primes: 10€, 5€ et une chambre à air. Ces coureurs entreront également en lice pour le tirage au sort de la méga-prime: 100€ cash ou un chèque de 150€ à dépenser uniquement Chez Kiki, l’unique bistrot de Dampierre-sous-Bouhy.

Rouler de l’herbe de qualité
Dans une ambiance de Stade de France, la perspective des primes dynamite totalement la course dès le premier tour. Au sein du peloton Men, c’est la formation Sterke Ludos qui prend les devants. A l’approche du premier passage et tandis que le peloton semble cadenassé sur les routes étroites de Puisaye, Vanderlinden et Bourgognie décident de tenter l’impossible. A la stupéfaction générale, les deux baroudeurs lancent une attaque de part et d’autre du peloton en s’engageant directement … dans le talus ! Surpris par cette remontée de toute part, les tenors tardent à réagir et très vite, c’est tout le peloton qui explose. Bien emmenée par Vanderlinden et Bourgognie, la formation Sterke parviendra d’ailleurs à maintenir un coureur dans les primes (Dethier, 3e). Accompagné par Joris (Skoda, 2e) et Jacquin (Flamingo-Maïzena, 1er).

Euphorie collective à Dampierre-sous-Bouhy lorsque les derniers coureurs franchissent la ligne d’arrivée du Critérium. A droite, Vanderlinden, un des grands animateurs de l’étape.

3 petits tours et puis s’en vont
Deux tours plus loin, la bataille pour les bonifications bat son plein. Avec de si petits écarts à l’issu du contre-la-montre, c’est le maillot jaune qui est en jeu ! Chez les hommes, répartis en deux groupes, l’arrivée se fait au sprint. D’une part, le grimpeur de la formation RxB Dennis Pohl, s’impose devant son équipier Delecluse et A. Jardon (Renowindow). Dans l’autre groupe, c’est un revanchard Asselberghs qui lève les bras devant Manza (De Koning Quick Stoemp) et Stas (Flamingo-Maïzena). Chez les Ladies, une impressionnante Stellian (Rask-Fristi) termine en solitaire devant Troostembergh (Les Dérailleuses) et Riga (WoW Cycling).

En empochant plus de bonifications que leurs équipiers, ce sont désormais Manza et Riga qui revêtissent le maillot jaune de leader. Un maillot remis des mains de Madame Chantal Reverdy, maire de Dampierre-sous-Bouhy. Très émue lors de la reprise de la Marseillaise par l’ensemble des coureurs BCF.

Madame le Maire de Dampierre-sous-Bouhy, sympathisant avec le peloton et l’équipe Skod-Royal Canin, avant de remettre les trophées aux vainqueurs de Son Critérium.

Étape 3 – Au pays des vins

Soyons sincère, à Sancerre le peloton rentre dans le vif du sujet. Dans un décor de carte postale, les pelotons Men et Ladies s’élancent depuis les rives de la Loire à l’assaut des collines viticoles du Sancerrois. Un terrain de jeu spectaculaire, mais exigeant qui promettait de faire la part belle aux puncheurs et aux échappés. Résultat des courses, nous avons assisté à une étape complètement folle où tactiques et audace ont joué un rôle prépondérant. Après 75 kilomètres de rebondissements, les grands perdants se nomment De Koning Quick Stoemp. Explications.

Un coup dans l’eau
L’étape débute par un round d’observation sur les 15 kilomètres de plat longeant les îles de la Loire, tout de même agrémenté d’un joli sprint intermédiaire. C’est au pied de la deuxième ascension du jour que la bagarre a véritablement débuté: la Pèlerine de Bué (catégorie 1). Pour les amateurs de beaux paysages, c’était l’occasion de découvrir un panorama impressionnant sur le village de Sancerre et les vignobles alentours. Pour d’autres, cette première véritable ascension du Tour était surtout l’opportunité de tester les jambes des cadors. C’est ainsi qu’un groupe de coureurs Flamingo, RxB, ING et Renowindow parvient à s’extraire du peloton sur les pentes les plus raides du col de Bué. Piégées par cette attaque éclair, les formations De Koning et K7 disposent toutefois d’armes suffisantes pour rouler et espérer revenir sur l’échappée dans une étape qui comprend encore plus de 50km. Conscient de la faiblesse de leur groupe d’évadés, en l’absence de représentants d’au moins une de ces deux équipes, les coureurs Pohl (maillot combiné) et Stas (maillot à pois) décident de se relever. Confiant que leur heure viendra plus tard, tant les bosses se succèdent jusqu’à l’arrivée.

Cette échappée n’était pas encore la bonne sur les hauteurs de Bué. Tandis que peloton chasse derrière. Bientôt, on prendra les mêmes et on recommence.

Tous unis contre la vie Stoemp
Battus la veille par plus forts, les candidats au maillot jaune avaient intérêt à isoler la formation De Koning Quick Stoemp. Une fois repris, le subtile Dennis Pohl alla alors glisser un mot au leader de la Team K7, Paul Asselberghs. Interviewé après l’étape, Pohl commente:

« J’ai été voir Asselberghs pour lui dire de rouler avec nous. On ne pouvait pas créer d’écart en roulant avec Quick Stoemp. Je lui ai dit: Paul, dans la prochaine bosse, on attaque et tu pars avec nous. »

Dennis Pohl, Rxb – Bike Your City – CBear Ceramics

Quelques kilomètres plus loin, le groupe explose. Dans l’ascension des Champs Frélans (catégorie 2), l’attaque est fulgurante. De Koning est totalement piégé tandis qu’un groupe solide de 6 coureurs s’isole à l’avant. Dans ce groupe, on retrouve Asselberghs, Stas, Pohl, Foguenne (Renowindow) ainsi que les frères Jardon (Renowindow et Flamingo). Parti plein gaz, le groupe s’entend bien pour arriver rapidement à un écart dépassant les deux minutes. Malheureusement pour la Quick Stoemp, le peloton des poursuivants prend alors des airs de Grupetto. Mis à part les Stoemp, ING et DFF, tous les candidats à la victoire ont un coureur à l’avant. Plus personne ne roule, et c’est Tony Manza en personne, le maillot jaune, qui doit prendre les commandes pour tenter de maintenir l’écart et sauver son maillot.

La formation De Koning Quick Stoemp, devenue spécialiste de la course poursuite dans les vignobles de Sancerre.

In Vino Veritas
La terre des vins aura donc permis au peloton de se dire les 4 vérités sur cette étape explosive, où le pourcentage des ascensions dépassait souvent le degré recommandé pour éviter que le vin ne se transforme en piquette. Les alliances d’un jour ont fait piquer les jambes et redistribuer tous les maillots.

Chez les hommes, c’est l’insatiable Dennis Pohl qui s’impose au sein du groupe des échappés. Un groupe qui terminera l’étape avec plus de 6 minutes d’avance sur le peloton ! Au sein ce peloton, c’est la mine des mauvais jours pour Tony Manza et pour Gilles Pirlot (ING), qui perdent respectivement le maillot jaune et le maillot blanc de meilleur jeune. A l’arrière, la course aux maillots distinctifs bat son plein. Désemparé de son maillot vert après le Critérium, Jim Bourgognie (Nénu) récupère son dû grâce au très beau travail de ses équipiers sur les trois sprints du jour. Toujours bien placé, Delecluse, le rouleur de la formation RxB, repart lui avec le maillot du Combiné sur les épaules.

Elle a fait une échappée toute seule
Chez les Ladies, c’est le retournement de situation total. Riga, qui porte le jaune au départ, décide de repositionner son équipe uniquement sur les maillots distinctifs. Résultat, elle laisse filer l’échappée, mais empoche le vert. Au classement de la montagne, Cerise Vandenkerckhove rappelle à tout le monde qu’elle fait partie des meilleures grimpeuses du peloton et endosse le maillot à pois. Très concentrée sur l’étape et le général, Troostembergh qui portait alors les pois et le vert, se désintéresse des segments. Elle part seule dans une échappée homérique dès le kilomètre 18 pour finalement boucler l’étape en solitaire, avec deux minutes d’avance sur sa poursuivante Tatiana Stellian. Les deux femmes s’isolent en tête du général. Troostembergh prend le maillot jaune pour une poignée de secondes. Le suspense est à son comble avant la dernière étape.

Une étape qui laissera des traces sur les organismes. Notamment chez Domo Farm-Frites. En plein doute, la formation flamande brille par son absence des podiums depuis le début du Tour.

Étape 4 – La Bataille du Morvan

On dit souvent du Morvan que c’est une île. Une île de granite dominant les plaines. Non que l’altitude rejoigne les sommets du Massif Central. La terre a trop vécu, s’est affaissée comme les vieillards. Mais si les altitudes restent modestes, l’ambiance, elle, est bien montagnarde. C’est dans cette atmosphère que les coureurs ont pris le départ de la dernière étape, depuis les rives du Lac des Settons.

Master Mind
Loin des sommets, la bataille tactique du jour démarre très tôt dans l’épreuve entre les candidats au maillot vert. Orphelin de ses lieutenants Paquot et Braun (abandon), Jim Bourgognie est le premier à en faire les frais. Alors qu’il débute l’étape en tête de peloton pour la traditionnelle parade des maillots, le coureur de la formation Nénu se retrouve directement isolé avant le lancement du premier sprint intermédiaire au kilomètre 8. Remobilisée autour de la conquête du maillot vert, la Domo Farm-Frites avait décidé de cadenasser le peloton en ne laissant pas la moindre roue à Bourgognie pour se replacer. Ce dernier, n’ayant d’autre choix que de tirer un groupe de 60 hommes, s’est donc retrouvé tout à l’avant du peloton durant 8 kilomètres avant de se faire dépasser de toute part au lancement du sprint intermédiaire. Il ne marque aucun point dans ce sprint et peut déjà dire au revoir à ses rêves de maillot vert.

Lors des deux derniers sprints de la journée, on assiste aussi à une formidable bagarre, et quelques tensions, dans un groupe de sprinteurs qui ne se sont pas quittés d’une pédale sur les routes du Morvan. C’est finalement le coureur le plus fort, mais aussi le mieux entouré, qui repart grand vainqueur de cet ultime rendez-vous. Cyriac de Villenfagne est maillot vert et évite à la Domo Farm Frites la crainte de quitter le Tour bredouille.

J. Bourgognie (en vert) tout à l’avant du peloton avant de se faire piégé lors du premier sprint intermédiaire.

Un peu plus près des étoiles
Pour les grimpeurs et les candidats à la victoire finale, cette étape avait tout pour plaire… et pour surprendre. Au sein de ce groupe, la bagarre commence très tôt avec l’ascension de la première difficulté du jour, la Croix de Chèvre (catégorie 1). En tant que sommet du Tour, cette ascension avait également la particularité d’offrir une distinction honorifique au premier coureur franchissant le sommet: le Souvenir Michel Sabourin. Une perspective qui aura eu le mérite d’exciter le peloton avec la création rapide d’une première échappée à l’assaut de la Croix de Chèvre. Un groupe dans lequel on retrouve quelques coureurs de renoms comme Gambardella (Sterke), Jacquin (Flamingo-Maïzena) et certains grands battus de la veille comme de Hults et Feys (De Koning). Mais c’est finalement un lieutenant de l’ombre qui s’offrira un peu de lumière avec le Souvenir Sabourin. Serruys (K7), bras droit d’Asselberghs, bascule en premier au sommet de la Croix de Chèvre.

Jacquin, à la poursuite de Gambardella et Vandenbranden au sommet de la Croix de Chèvre.

Big Boys don’t cry
Avec ce petit groupe au sommet, tous les ingrédients sont là pour la formation d’une échappée. Logiquement, ce sont les coureurs De Koning qui prennent l’initiative. Feys et De Hults ne ménagent pas leurs efforts pour creuser l’écart, tandis que la grande poursuite débute à l’arrière. Malheureusement, après le coup de Trafalgar subi lors de la troisième étape, le sort s’acharne sur les Stoemp. À 25 kilomètres de l’arrivée, Feys crève et est contraint de laisser partir le groupe. Un peu plus loin, il ne reste plus que Quentin de Hults à l’avant, tandis que tous les autres compagnons d’échappée ont tous été repris. Impressionnant de combativité, de Hults s’arrache et s’élance seul en tête au pied du col de Crapissot, avant-dernière difficulté, à 12 kilomètres de l’arrivée. Mais la poisse ne frappant jamais seule, il crève à son tour au milieu de l’ascension. Celui qui vient de faire 40km à l’avant, est repris à 7 km de l’arrivée. Il finira l’étape loin derrière.

Ce coup du sort aura le mérite de laisser la place à une bataille d’anthologie. Revenus à quelques dizaines de mètres de Quentin de Hults, les cadors du peloton prennent la tête de la course dans le Col du Crapissot. Un groupe composé de Asselberghs, les frères Jardon, Stas, Foguenne et Manza. Parmi ces coureurs, on retrouve notamment le podium du Général qui se tient en à peine 17 secondes ! (Assel., A. Jardon +10sec, Stas, +17 sec.).

Avant même la fin du col de Crapissot, Stas (maillot à pois) et Asselberghs (jaune) lancent une attaque fatale à l’ainé des frères Jardon et à Foguenne. Entre les deux, Tony Manza et Alexandre Jardon s’arrachent pour ne pas être distancés alors que l’écart augmente. Mais trop focalisés sur l’objectif final, les deux coureurs à l’avant se regardent, ce qui permet à Manza et Jardon de recoller au pied de la dernière difficulté du jour. A 5km, c’est donc un groupe de 4 coureurs qui se présente pour la victoire d’étape. Un groupe XXL avec 4 maillots distinctifs représentés et 3 coureurs qui se tiennent en 17 secondes au général (Asselberghs, A. Jardon, Stas). Le Tour se joue maintenant.

4 coureurs, 4 maillots distinctifs (jaune, blanc, noir, pois) et 17 secondes au général. Voici le groupe XXL qui traverse le village de Cussy-en-Morvan, à 5km de l’arrivée.

Au tempo, Manza qui n’a plus d’ambition pour le général est lâché. Mais le maillot noir continue de grimper à son rythme. Devant, les 3 coureurs entament une guerre des nerfs. Jardon et Asselberghs refusent de prendre le relais d’un Stas qui serpente d’un côté à l’autre de la route. Un temps mort qui permettra à Tony Manza de recoller à nouveau avec le groupe de tête. A peine réintégré, il surprend tout le monde et contre-attaque. Il reste 1,5km. Partagés entre la victoire d’étape et le général, les 3 autres laissent partir Manza. Personne ne voulant prendre à sa charge l’effort de boucher le trou. À la flamme rouge, Stas met le feu aux poudres et lance sa première offensive. S’en est trop pour Alexandre Jardon qui ne peut plus suivre. À 10 secondes du maillot jaune, il vient de perdre le Tour.

Trop court dans la dernière ascension, Alexandre Jardon explose et passe à une poignée de secondes de gagner le Tour (ici à l’arrivée de l’étape du Morvan).

Multipliant les coups de fusil, Stas ne parvient pourtant pas à se défaire de Paul Asselberghs, bien accroché a son maillot jaune. Presque rattrapé par les accélérations de ses poursuivants, Tony Manza s’impose au sommet de la Croix de Chèvre avec quelques secondes d’avance sur Asselberghs, qui s’est offert le luxe de doubler le maillot à pois dans les derniers mètres.

Asselberghs remporte le Tour de Bourgogne pour … 20 secondes d’avance sur Stas et A. Jardon, qui occupent la deuxième place à égalité parfaite. Une avance microscopique après 4 étapes. Une avance qui aurait pu prendre une toute autre tournure si Asselberghs n’avait pas récolté 30 secondes de bonifications à l’arrivée du Critérium de Dampierre ou si la Renowindow d’Alexandre Jardon n’avait pas subi une pénalité de 30 secondes au contre-la-montre de Saint-Fargeau. Mais on ne ré-écrit pas l’histoire. Vive le maillot jaune. Vive Asselberghs.

Tony Manza s’impose dans le Morvan, devant Asselberghs qui consèrve son maillot jaune, et Stas qui se contera des pois comme consolation.

Côté Ladies, les porteuses de maillots distinctifs sont parvenues à préserver leur précieux sur les pentes du Morvan (Riga en vert, C. VDK en pois, A. VDK en rose). En revanche, cela balance pas mal au classement général. Dans la catégorie jeune (maillot blanc), Emily Ritchey (Rask) doit concéder sa tunique à Riga. Et comme prévu, la bataille fut terrible entre les deux candidates au maillot jaune. En deuxième position au départ de l’étape, Stellian (Rask) n’a pas fait dans la dentelle en attaquant dès le kilomètre 5. Après l’étape de Sancerre, on prend donc les mêmes et on recommence. Mais cette fois-ci, c’est Stellian qui occupe les avants-postes et Troostembergh qui endosse le rôle du chasseur. Plus à l’aise lorsque les ascensions s’éternisent, Tatiana Stellian parviendra à créer suffisamment d’écart pour devenir virtuellement maillot jaune avant les deux dernières difficultés. Un écart qu’elle maintiendra coûte que coûte pour s’imposer au sommet de la deuxième ascension de la Croix de Chèvre et devenir la première lauréate d’un Grand Tour Ladies BCF. Bim.

Tatiana (au centre) et Julie (en jaune) en pleine discussion sur la ligne de départ au Lac des Settons. Quelques kilomètres plus loin, elles livreront une bataille de légende.

You’ll never bike alone

Après cette ultime épreuve, c’est dans une ambiance des grands soirs que le peloton BCF s’est rassemblé pour célébrer les vainqueurs du Tour. Un peloton qui aura fait honneur au rêve d’aventure de Henri Desgrange. Car, après tout, outre les porteurs de maillots, c’est le monde du vélo qui sort gagnant de ce Grand Tour pas comme les autres.

Un Tour qui, bien au-delà des performances sportives, aura mis à l’avant plan les plus belles valeurs du sport et du cyclisme. Des valeurs portées mieux que personne par deux phénomènes, consacrés suite aux votes des coureurs et directeurs sportifs présents en Bourgogne. Le, et la, super-combatif(ve) du Tour.

Chez les femmes, c’est l’infatigable Madeleine de Streel qui est élue pour son dynamisme, son panache et son envie malgré toutes les difficultés d’un Tour. Chez les hommes, nous avons assisté à un véritable plébiscite pour couronner le coureur Nénu, Gilles Van der Spek, également lanterne rose du peloton masculin. Un garçon, dont le courage et la devise de profitivisme ont su imposer le respect bien au-delà des frontières de la Bourgogne.

C’est ça le vélo. Effort, vélo, passion.

Antoinette l’a fait ! Elle boucle toutes les étapes dans les délais et remporte le maillot rose du Tour de Bourgogne Ladies.

Pictures by Emile de Selys
www.emiledeselys.com

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