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Tour du Condroz, prix de la combativité

Une contribution écrite du groupe des combatifs, regroupant tous les anciens porteurs du maillot rouge.

Samedi 13 avril, le Sirocco souffle un parfum d’Italie sur le Condroz. Le soleil et la chaleur sont au rendez-vous, les conditions sont idéales, c’est un scénario de dolce vita qui se profile pour la première classique. Quoi que, par pour tous. 

Bien que la course se joue au devant du peloton, c’est souvent derrière celui-ci que les plus beaux combats ont lieu. Des ennuis mécaniques, les blessures et maladies, les chutes, bon nombre d’amateurs de la bicyclette ont surmonté une pléthore d’obstacles avant de franchir la ligne d’arrivée. Une fois encore le jury du prix de la combativité a été impressionné par les prestations de beaucoup de participants qui ont fait preuve de courage et de bravoure.

Women Continental

Tandis que les plus rapides mettront moins de 1h30 pour boucler le segment bleu, en Women Continental, Laure Fontaine (CCC) aura donné de sa personne pendant plus 3h36. Maureen Dupret (Velocidad), pour ses multiples crevaisons, et Nadège Meister (Roue libre) qui doit rebrousser chemin pour aller chercher son dossard oublié aux latrines, ne sont pas sans reste. Mais celle qui remporte le prix de la combativité, c’est Ingrid Puckinscaite (Brussels Unchained). Pour l’occasion de sa première course en ligne, “Puck” se retrouve avec la chaîne bloquée sur la grosse plaque dès le départ. Suite à un ennui mécanique de dernière minute, impossible pour elle d’utiliser le petit plateau. Malgré les crampes et la douleur, Ingrid a fait preuve de caractère et de courage. Obligée de mettre pied à terre dans les côtes et de pousser sa bécanes, jamais elle n’a baissé les bras et a fini la course en battante.

Women Pro Tour

En Women Pro, C’est Laura Natalis (La Flamme) qui est lauréate du prix de la combativité. Enceinte de 16 semaines, sans la moindre hésitation, elle a enfourché sa bécane et s’est attaquée au nombreux raidillons qu’offrait le tour du Condroz. Laura, félicitations, l’ensemble du jury te souhaite tout le meilleur durant cette grossesse et d’ores et déjà beaucoup de bonheur avec le futur cyclo-bambin. 

Laura Natalis, dans la dernière montée au Fort lors du Tour du Jura

Men Pro Tour

Chez les hommes, en Pro, C’est Martin Musyck (Fahrbar) qui décroche le prix de la combativité. Celui qu’on surnomme “Mouss” a achevé le parcours sur une jambe. Suite à une manivelle gauche défectueuse, il n’hésite pas une seconde et continue la course dépassant même certains concurrents dans le triple mur de Nettinne. Mention honorifique pour Valère Platiaux qui aura fait preuve de générosité et de dévouement sans égal. Dès le départ, il offre son unique bidon à un coéquipier. Ensuite lors d’un de ses nombreux relais appuyés, par maladresse, la “Locomotive” de la Team Stella 0.0 perdra son GPS. Enfin, il sera forcé de s’arrêter suite à une crevaison dans le secteur d’en Bry. Mais avant de se préoccuper de sa roue arrière percée par une vis, Valère prendra le temps de réparer la chambre à air d’un coureur EF. Une fois l’arrivée passée, Valère rebroussera chemin pour aller à la recherche de son GPS qu’il retrouvera durant la remise des prix.

Men Continental

Dans le peloton Continental, c’est la bravoure de Lionel Delatte (Giklets) qui est récompensée. Son histoire débute lors du dernier dimanche du National. Lionel est victime d’un accident peu banal, vers 5h du matin, à quelques minutes du début du barrage de l’endurance. Alors qu’il rejoignait un coéquipier pour covoiturer en direction du circuit de Baulers, Lionel chute à vélo en voulant éviter l’un des nombreux renards de Woluwe-Saint-Lambert. Résultat : ambulance et urgences, et une absence pour la Giklets Development Team qui n’a pu s’aligner au complet pour cette finale de l’endurance. Avec une entorse de la clavicule, la présence de Lionel au Tour du Condroz était loin d’être acquise. Et pas question de prendre des risques inconsidérés pour être au départ de la première Classique de la saison. Mais après trois semaines entre soins, séances de kiné et de Zwift, Lionel a pu remonter sur le vélo quelques jours avant de se présenter sur la ligne de départ, sous le soleil du Château de Ry. Malgré son mètre 90, un gabarit pas du tout puncheur, et en dépit d’une préparation contrariée par sa clavicule, Lionel a pu signer le 3ème meilleur temps de son équipe. Un retour et un exploit qui méritait bien un maillot du Super Combatif tout neuf. Bravissima !

Lionel Delatte en plein effort au Tour du Condroz

Men Régional

Enfin, en régional, le choix a été difficile entre Victor Renard (Soudal Quick Steak) et Anthony Lafort (AACB). Le premier, dans un instant d’inattention après 10 km de course, fait une chute spectaculaire en percutant la roue du coureur devant lui. Une fois remis de son triple saut périlleux, il retrouve son vélo dans la prairie 10 mètres plus loin, une gourde dans un bosquet, une cocotte déformée, la selle amochée et un pneu crevé. Sous le choc, une douleur à la hanche et un coude en sang, il décide tout de même de changer son pneu, mais sa petite pompe à main n’étant pas suffisante, il se voit contraint d’aller à pieds jusqu’au prochain village pour faire du porte à porte à la recherche d’une pompe plus efficace. Après 45 minutes de galère, il peut enfin repartir à l’assaut du parcours. En chemin, il se fait accoster par la voiture balais qui lui propose de l’embarquer ce qu’il refuse avec panache. Il jettera ses dernières forces dans les segments dans l’espoir d’arracher quelques points. Victor retrouvera ses coéquipiers au Château de Ry le visage et les mains noirs de graisse tel un mineur sortant du Bois du Cazier.

Quant à Anthony, à peine remis d’une vasectomie, il s’est aligné au départ pour soutenir son équipe qui a fraîchement rejoint la fédération. C’est avec 6 points de sutures à un endroit plus qu’inconfortable qu’il franchira la strade bianche la plus cabossée du Condroz. Grâce à son mental d’acier, il fera abstraction de la douleur et décrochera un joli top 10 dans la catégorie 35+, objectif rempli pour la team AACB. Pour son courage et sa pugnacité, c’est Anthony qui aura le plus séduit le jury et qui aura la fierté de porter le maillot du Super Combatif.

Enfin bravo au plus de 900 coureurs et coureuses qui ont franchi la ligne d’arrivée. Merci à l’organisation pour cette très belle classique qui nous a fait frissonner. A très vite sur l’asphalte du WIK pour le plus gros spectacle de la saison.  

Ciao !

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