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À la bonne heure !

Le weekend dernier, le contre-la-montre de Bertinchamps a désigné les champions de Belgique de la discipline au sein de chaque peloton. C’est le triplé pour les Lotto Soutard (championnes Women ’21, ’22, ’23), le doublé pour la K7 (’21, ’23) et l’entrée au panthéon pour les coureurs Urbike (champion ’23). Mais outre la gloire et les trophées, la course contre l’horloge a révélé de nombreux coureurs exemplaires, héros d’un jour et prêts à tout pour soutenir leurs équipes. Retour sur les plus beaux moments de ces Championnats de Belgique avec l’attribution du prix de la Combativité.

Imbattable ? Les Lotto-Soutard rempilent pour un an supplémentaire en noir-jaune-rouge (photo – Valentin Sohet)

Il est 10 heures, Gembloux s’éveille

C’est l’heure de vérité pour les premières formations qui se positionnent sur la ligne de départ. Au sein des plus grosses armadas du Men Pro Tour, le terme contre-la-montre prend tout son sens. Il faut rejoindre la buvette avant que la grande aiguille ne fasse un tour. En d’autres mots, boucler les 38,5 km du parcours en moins de 60 minutes !

Un objectif ultra-ambitieux atteint par … 8 équipes. Réglées comme des horloges, les formations K7, Wyfibox, EF – Bon Secours, Arc-en-Ciel, SMIP-Café Bastoche, SUBSTRA, BicyKet et Grolla arrivent à l’heure au rendez-vous. Mais à quel prix ? En tant que lieutenant des ces formations, une telle ponctualité impose d’aller puiser loin dans les réserves. Très loin.

Nous avons donc une pensée toute particulière pour tous ces coureurs et coureuses, trop souvent anonymes, qui ont été au bout d’eux-mêmes pour le bien du collectif. C’est la magie d’un chrono par équipe. C’est l’esprit du cyclisme. Effort, vélo, passion. Bravo mesdames. Bravo messieurs.

Certains coureurs ont pris soin de baliser l’arrivée.

Mon coeur chavire

Pour réaliser un temps la pression se trouve donc sur les épaules, et surtout dans les cuisses, du 6e voire du 7e meilleur élément de l’équipe. Des rouleurs souvent moins entrainés, dont le coeur aura fait boom boom boom du début à la fin de l’effort.

Capitaine de la formation EF-Bon Secours (Pro Tour), Laurent Warzée n’a pas passé un samedi matin tranquille. À la rupture dès le début de l’épreuve, LW s’accroche et rappelle que quand on a un grand coeur, c’est pour s’en servir. Il relie l’arrivée avec ses coéquipiers et un rythme cardiaque moyen de 192 battements sur chacune des 58 minutes passées sur son vélo. Sortie Zone 5, relax.

« Après 5 kilomètres, il nous a demandé de partir sans lui car il était à la rupture. »

Thomas Thiry, EF-Bon Secours
À propos de son équipier Laurent Warzée

Dans le même style, notons aussi la prestation de Pierre Delaey (Muscle Killers) qui pour sa première participation à une classique BCF affiche un très honorable 186 bpm de moyenne. Le garçon n’a plus réussi à dormir depuis et a toujours la main qui tremble. Reviens Pierre, c’était pour rire !

Chez les femmes, Elise Kurgan (La Flamme) vivait également sa première aventure sur la route des classiques. Suite à l’abandon tardif d’une coéquipière, elle démarre avec l’étiquette de numéro 6 et la nécessité de terminer dans les temps. Mais les choses débutent mal puisqu’elle évite de justesse une chute dans les premiers kilomètres. Elise doit ensuite batailler de toutes ses forces pour recoller le peloton, dont elle parviendra à tenir le rythme sur plusieurs kilomètres. Mais une glissade dans un virage mettra un terme à ses espoirs de terminer avec les meilleures. Éprouvée, elle rallie l’arrivée en compagnie des coureuses lâchées, mais avec le sourire et un bras bien amoché. Une blessure héroïque qu’elle affichera fièrement ce samedi … à son mariage. Pour le meilleur et pour le pire.

Parmi les équipières exemplaires nous citerons encore Vincianne Deknop (EF Women), jamais avare de relais pour les autres. Antoinette Brusselmans (La Cavale), lâchée dans la côte du Chenoy mais qui luttera seule face au vent durant 15 kilomètres pour finir quelques secondes à peine derrière ses équipières. Nous saluons aussi la force mentale de Valentine Matuk (Poules Position – We Green). Malgré la douleur des jambes et le souffle court, elle endosse le rôle de moteur psychologique de son équipe en motivant les troupes à chaque kilomètre. Au fruit d’un effort extrême et le tout sur un vélo emprunté, Matuk ne lachera jamais la roue de ses leadeuses. Roule ma poule !

C’était déjà le deuxième chrono par équipe pour les néophytes de la Poules Position-We Green (après le chrono d’Ivory, photo).

L’été sera chaud

Il faut dire que la chaleur ressentie à Bertinchamps (32 degrés) n’était pas des plus adaptées pour favoriser la récupération. Malgré les origines méditerranéennes de sa formation, Gatien Van der Borght en a fait les frais au sein de l’équipe Molteni – La Roche Posay. En surchauffe à l’arrivée, son visage revêtit déjà les couleurs de la combativité. Déstabilisé par un tel effort, VDB ne cherche pas midi à 14 heures pour se rafraîchir en s’allongeant dans sa voiture. Mais avec 45 degrés ressentis dans l’habitacle, il s’agissait probablement du pire endroit pour adoucir son thermomètre corporel. Il trouvera finalement un peu de douceur et le réconfort qu’il mérite, entouré de l’équipe médicale.

Heure de table

En parlant de formations italiennes, nous remercions tous les pizzaiolos du peloton qui ont sorti un nombre impressionnant de pizzas margherita du four de Bertinchamps. Des blessures de guerres et quelques cuissards déchirés, après avoir gouté au bitume brabançon.

Au sein de la formation Betafence, c’est Kevin Mathurin qui régale. Tombé dans un virage, il se relève avec une pizza XXL qui devrait permettre de nourrir toute son équipe. Battant et capitaine exemplaire, Kev’ n’hésite pas une seconde au moment de remonter sur son vélo pour relier l’arrivée en guerrier avec ses coéquipiers.

L’autre guerrier du jour se nomme Louche Gueuning (Jumbro’ Vismousse). À l’échauffement en heure de pointe sur les routes de Hesbaye, il percute une voiture qui freine devant lui. Une épaule luxée, une roue carbone fissurée et un mauvais quart d’heure plus tard, il repart pour accompagner son équipe et finir parmi le faboulous six à l’arrivée.

Ravito improvisé pour les Stoemeuleuses qui avait besoin de s’hydrater. (photo – Valentin Sohet)

De manière plus folklorique, les observateurs apprécient également le jusqu’au-boutisme de Damien Jost (Chatelain Xpert Consulting). Dès les premiers kilomètres, sa tige de selle s’affaisse. Dans un style peu académique, la baroudeur décide de ne pas s’arrêter et de poursuivre le parcours … en danseuse pour ne pas abandonner ses partenaires. Il s’accroche, mais finit tout de même par chuter, épuisé. Il se relève et finit le parcours seul. En dansant. Comme c’est triste.

L’heure c’est l’heure

Dans la vie, il y a des choses qui ne changent pas. Dans le peloton aussi. Présents sur la ligne de départ avec 1 heure de retard, la formation Renowindow a fait honneur à sa réputation d’enfants terribles de la pédale. Pas encore passés à l’heure d’été, les Racoons font preuve d’une désorganisation remarquable tandis que leur directeur sportif, monsieur Leclercq, tente tant bien que mal de remettre les pendules à l’heure chez ses leaders.

Un garçon dans la formation aura néanmoins fait preuve de bonne volonté. Après 5km, le leader Alexandre Jardon (ce n’est pas lui) est victime d’une crevaison. Pour le bien de l’équipe, son lieutenant François Leclercq est contraint de lui céder son vélo et … ses chaussures. Le chrono de François aura donc duré 10 minutes sur le vélo, et 40 minutes … à pied pour rejoindre la brasserie à travers champs. En chaussettes et en poussant le vélo de son leader. Dur dur d’être un Racoon.

Photo – Valentin Sohet.

En parlant de timing, un autre coureur a bien failli manquer à l’appel. Leader de la formation EF-Bon Secours, Pierre Haenecour était sur un double booking samedi dernier. Née quelques heures avant le grand départ, sa fille lui fixe un premier rendez-vous durant la nuit. Plein d’audace, Pierre ose ensuite demander à la vraie héroïne du weekend l’autorisation d’aller rouler pour les amis sur le chrono. Autorisation reçue, il offre des relais de l’extrême à qui veut bien l’entendre pour être certain de boucler le chrono en mode express. Il repart ensuite retrouver les deux amours de sa vie. Speed dating.

Rouge toujours

Les commissaires avaient donc fort à faire pour désigner les plus valeureux parmi une pléthore de candidats au titre de super-combatif. Espérons en tous les cas que les futurs maillots rouges porteront aussi fièrement ses couleurs que le dernier vainqueur continental. Élu super combatif lors de la Route des moines, Romain Vander Pluym (La Redoutable – DH) n’a pas manqué l’opportunité de montrer le maillot à Bertinchamps. Pour l’occasion, il change de gourde et de guidoline. Tout doit être rouge. Même sa femme et sa fille, venues encourager papa au bord des routes. La couleur de l’amour, tout simplement.

Douceur, vélo, passion.

Roulement de tambours

Après avoir épluché dans les moindres détails les performances héroïques du peloton, les commissaires ont tranché. Voici les coureurs les plus combatifs au sein de chaque échelon:

WOMEN PRO TOUR
Valentine Matuk
, pour sa force de caractère et son leadership naturel.

MEN PRO TOUR
Laurent Warzée
, pour ses 192 pulses minutes. Que dire de plus.

MEN CONTINENTAL
Kevin Mathurin
, parce qu’il ne lâche jamais.

Les trois champions repartent de la brasserie avec les honneurs, 100 points bleus dans la besace et un nouveau maillot pour l’été !

Très en jambe, la Positive Thinking a fait le plein sur les segments et repart de Bertinchamps avec le maillot à points.

Qui sort en ville ce weekend ?

Le prochain rendez-vous de la fédération est imminent. Dimanche matin, le peloton s’élance depuis la place des palais pour un départ royal et 40km autour de Bruxelles.

Mais dans ce décor européen, certaines étoiles devraient briller plus que les autres. Après le chrono par équipe, voici tous les porteurs de maillot au sein de la fédération.
*Les porteurs de maillots ci-dessous ne sont pas toujours les premiers du classement. Mais bien les premiers dans la liste si un, ou plusieurs, coureur les précédant porte déjà un maillot.

Si ils/elles ne possèdent pas encore le maillot attribué, ils/elles peuvent récolter la tunique au départ du BXL Tour.
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