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Back to black

Dans ce numéro spécial Routes Noires, nos consultants passent au peigne fin les performances qui ont fait mouche sur les routes du Pays de Charleroi. Retour sur les moments forts d’une première classique BCF … très tactique. Back to black !

Le peloton Ladies emmené par de Streel (WoW Cycling) dans les routes noires du secteur de Marbais.

En rythme et en cadence

Pour ce grand rendez-vous, Bonneville Cycling proposait un parcours varié et à l’issue incertaine. Après une succession de difficultés jusqu’aux abords des lacs de l’Eau d’Heure, les 30 derniers kilomètres s’annonçaient plus roulant. Mais, face à vent ! Dans ce contexte, puncheurs et baroudeurs pouvaient rêver de la plus haute marche du podium. À moins que certains sprinteurs ne parviennent à passer les premières bosses pour assurer un sprint royal à l’arrivée ?

Comme à son habitude, Asselberghs (K7 Cycling) avait les yeux rivés sur lui dès la ligne de départ. Moins à l’aise que les meilleurs grimpeurs du peloton lorsque la route s’élève, il sait qu’il devra gérer son effort et faire le parcours parfait pour devancer ses concurrents. Un effort de métronome, à coup de tic tac et tactique bien dosée.

Mais à la surprise général, Asselberghs attaque dès l’entame du segment bleu (9,5 km). Derrière, c’est l’hésitation parmi les favoris: « Il reste 65km, il va se cramer… » martèle Joan Lause à son leader Alex Jardon (Renowindow-Xlg). Régional de l’étape, Pierre Haenecour (EF) est le seul à faire le bond pour prendre la roue du champion de Belgique.

Les deux coureurs mettent du braquet et creusent rapidement dans les portions roulantes. L’entente est impeccable et les choix judicieux. Le succès de l’un dépend des relais de l’autre. Personne ne doit décramponner. Le duo roule à la limite, sans jamais entrer dans le sur-régime en faisant l’impasse sur les segments à points. Chiffres à l’appui:

  • Le petit Poggio: Asselberghs, 69e temps à peine (33sec. derrière Kies – 1er, Bicykets)
  • Côte du Tivoli: Asselberghs, 53e temps (31sec. derrière Jardon – 1er, Grolla)

Tandis que derrière la poursuite s’excite, les deux coureurs se sont donc contentés de « gérer » dans les portions les plus dures. Les relances qui suivront leur apportant un matelas supérieur aux secondes perdues lors des ascensions. L’écart avec le peloton ne passera plus sous la barre des 30 secondes.

Si on observe les 15 derniers kilomètres du segment bleu, on constate malgré tout que le duo souffre face au vent. Sur cette portion, Saint Paul et Saint Pierre perdent du terrain (12e temps) et concèdent plus d’une minute à Charles Deflandre (Pipettes Pack).

Mais au bout d’un effort de 65km, les deux apôtres se présentent seuls en tête sur le sprint de la Distillerie. Habitués à ce type de configuration, Asselberghs fait parler l’expérience et place une attaque juste avant la flamme rouge qui ne laisse aucune chance à Haenecour (2e, à 14 secondes).

« En attaquant au kilomètre zéro, Asselberghs n’avait pas l’ambition de « tout faire péter », mais bien de s’assurer une place devant. Une place qui permet de rouler « au tempo », sans jamais devoir répondre aux changements de rythme et aux attaques des grimpeurs. Un scénario qui aurait été beaucoup plus défavorable au champion de Belgique ».

Gilbert Bodart
Chroniqueur pour Bonneville Wielrennnen Magazine

Alors, coup de génie ou erreur des autres armadas qui aurait du envoyer un garçon dans l’échappée à tous les coups ? Bodart apporte un bout de réponse: « Je ne fais pas d’Asselberghs mon favori pour le Tour. À Charleroi et lors du National, il a pu rouler sur ses qualités. L’histoire sera très différente si les grimpeurs prennent leur responsabilité sur ‘leur terrain’ dans les Vosges. »

We are family

« I got all my brothers with me. » En Continental accrochez-vous, il faut suivre ! Si le National avait permis de révéler un coureur d’exception en la personne de Guillaume Spoelberg (Champion de Belgique), les Routes Noires rappellent qu’un champion peut en cacher un autre. Et pas si loin ! Sur la ligne d’arrivée, ce n’est pas Guillaume mais Paul Spoelberg qui s’impose. Arrivés ensemble, et en solitaires s’il vous plait, l’ainé rappelle l’ordre hiérarchique familial en réglant son frère cadet au sprint. Il empoche le maillot bleu par dessus le marché, et se fait un prénom. Même si … Paul est déjà pris. Enfin, peu importe ! Camber-Krefël fait coup double en remportant sa deuxième épreuve de la saison et se positionne en tant que patron du peloton Continental.

« Depuis le secteur de Marbais, la formation Camber-Krefël a pris le contrôle de notre peloton. Ils se relayait à 6 devant pour empêcher toute attaque avant le Tivoli. Les deux frères étaient parfaitement protégés et dans les meilleures conditions pour produire leur effort. Ce sont des belles images pour tous les jeunes qui débutaient leur carrière sur les Routes Noires. »

Giuseppe Gambardella
Sterke Ludos
Le champion de Belgique (Spoelberg) parfaitement emmené par ses coéquipiers au pied de la côte du Tivoli.

Un duo qui rappelle aux bons souvenirs des grandes fratries du cyclisme. Les frères Boils (OVB-Touring), de Crombrugghe* (Magicrème-Cochonou) et bien sur Andy et Franck Schleck (Leopard-Trek). Avec cette interrogation permanente: Qui est le plus fort ?

Chez les battus, on retiendra le nom de Melin (Duvel Cycling Team). Victime d’une chute juste avant le village de Barbençon, le coureur était très remonté à l’arrivée. « Cela communiquait mal dans le groupe et je n’ai pas vu un trou dans un tournant« . Résultat, une chaine pliée et un rêve brisé. Sûr de lui, Melin commente: « j’étais vachement bien et j’avais les jambes pour gagner. » Inconsolable, le leader Duvel finira par noyer sa déception dans le houblon. Plusieurs observateurs confirment même l’avoir vu uriner sur le vélo de certains adversaires. Un comportement regrettable qu’on espère ne plus revoir dans le village du Tour.

*Malchanceux sur les Routes Noires, Antoine de Crombrugghe crève au pied du Poggio alors qu’il accrochait le groupe de tête.

Gare à Garitte

Chez les Ladies, la course était double. Les coureuses partaient de l’abbaye d’Aulne avec deux options: jouer le maillot bleu et la victoire d’étape sur le parcours court. Ou faire la moisson de points sur les segments en parcourant la boucle complète. Un choix tactique qui divise le peloton en deux à partir du 20e kilomètre.

Toujours très inspirée, la formation Lotto-Soutard envoie des représentantes sur les deux circuits. Résultat, c’est Lauranne Garitte qui s’impose au sprint devant Jade Imbert (ShimaGo). Madeleine de Streel (WoW Cycling) complète le podium. Du côté de Walcourt, la bataille est féroce sur les segments. Morgane de Halleux et Julie Troostenbergh (Dérailleuses) dictent leur loi sur les pentes les plus raides tandis que Gorike Vercauteren (Lotto-Soutard) rappelle qu’elle n’a pas porté le maillot vert pour rien à l’approche des sprints intermédiaires.

Au classement par équipe, c’est la formation 8L qui réalise la meilleure opération collective. Sans terminer devant, les coureuses sont présentes en nombre à l’instar des Zinneukeuses et mettent des points partout. Elles confortent leur avance au classement par équipe et s’offrent le luxe de porter le maillot bleu au Tour des Vosges (Moeyersoms).

Eddy, quand tu nous tiens

Au coeur du segment bleu, les coureurs étaient invités à se ravitailler à Yves-Gomezée. Sur place, l’accueil est organisé par le seul Eddy qui compte vraiment dans l’univers du cyclisme: le patron de la Taverne de l’Église.

Vive les mariés ! Ce jeune couple repart avec des projets plein la tête et les félicitations des coureurs ING-Limal Moving Store et Renowindow-Xlg devant la Taverne de l’Église.

Particularité de ce ravitaillement, c’est une condition obligatoire pour prétendre au titre de Combatif du jour. Seul les coureurs disposant d’une photo d’eux à l’intérieur du café sont éligibles pour cette distinction majeure.

Mais attention, il fallait du courage pour s’arrêter chez Eddy et surtout une fameuse volonté pour repartir. Alors forcément, des têtes sont tombées. C’est le cas de Vincent Potvin de la formation 2nd Sess. Pour sa première classique, le jeune coureur avait l’ambition de marquer les esprits. Une ambition qui n’a pas échappé à Eddy qui décida de le prendre sous son aile. Pour chaque bière commandée, Eddy lui en remettra une deuxième. Résultat des courses, Potvin abandonne et demande à son directeur de venir le chercher sur les marches de la Taverne de l’Église. Une déception pour un coureur qui, après avoir fait preuve d’une grande énergie au village d’arrivée, faisait partie des favoris pour le prix du combatif. Mais les commissaires sont formels: il faut relier l’arrivée pour prétendre au titre de Combatif.

Message reçu pour Gorike Vercauteren (Lotto-Soutard). Après avoir empoché les points et pris tellement d’avance sur le sprint de la Botte, la légende raconte qu’elle a du en boire une avec Eddy pour attendre l’arrivée du peloton. Elle est la combative du jour !

En Continental, ça se bousculait au portillon de la taverne et les places pour obtenir sa photo avec Eddy étaient parfois plus chères qu’à l’avant du peloton à l’approche d’un sprint massif. Dans cet exercice périlleux, on saluera notamment les présences de Carolo Postal Service ou encore du « Beerpack » AIS-DH Les Sports. Mais en plaçant l’entièreté de son effectif derrière le bar avec Eddy, ce sont les Cyclo Tacos qui remportent le prix du Combatif. Ils ont la liberté de choisir dans leur rang le coureur qui portera le maillot.

Seul bémol ? L’absence de Junior (chien d’Eddy) sur le cliché.

En Pro Tour, la bataille était tout aussi serrée, et parfois tactique. Epilation First-Bon Secours allant jusqu’à rendre visite à Eddy les jours précédents l’épreuve afin de décorer l’établissement aux couleurs de la formation et s’assurer que le patron porte la casquette du sponsor. Mais malgré ces efforts et un lobby incessant auprès des commissaires, EF ne remportera pas ce titre honorifique et les 60 points bleus qui l’accompagnent. Même constat malgré une prestation remarquable pour les coureurs Palestine Start-Up Nation, Pipettes Pack, ING Limal et Millcycle qui sont passés tout près de remporter la mise. Au dessus du lot, c’est finalement Louis Nicodème (Bicykets) qui écrase la concurrence. Après une caresse délicate pour apprivoiser Junior (gardien de l’établissement), Louis ne semble pas subir la pression. Au contraire, il en boit deux coup sur coup. Il repart d’Yves-Gomezée le coeur léger, mais le ventre lourd. Peu importe, le pensionnaire de Ciney fait le plein de confiance. Il s’arrêtera même dans le dernier lacet du Poggio (virage des grolandais) pour chiper la canette d’un commissaire et s’accorder une dernière dose de fraicheur avant de rejoindre l’arrivée.

Bien accoudé sur le comptoir, la position est parfaite et le geste décidé.

Un Thuin, c’est tout.

Finalement, la rédaction souhaite profiter de ce numéro spécial afin de clarifier un point du règlement des classiques. Lors d’une classique officielle, il est interdit d’emprunter à plusieurs reprises un segment ou encore de se déplacer vers un segment en voiture en cas d’abandon sur le reste du parcours. C’est la réalité d’une classique d’un jour (versus un challenge comme le National). Dans ce contexte, la direction et l’ensemble des observateurs regrettent que certains coureurs aient décidé de tenter un deuxième passage sur le mur de Thuin en profitant de l’élan offert par la descente sur la route principale.

Cependant, cette règle aurait du être précisée plus clairement au départ et dans le règlement des classiques. Ceci restera donc un fait de course et ne sera pas sanctionné. À l’avenir, il sera cependant de bon ton d’éviter de reproduire ce type d’effort qui faussent la réalité et l’esprit d’une classique d’un jour.

Comme dans les lacets du petit Poggio, les supporters étaient présents en nombre au bord des routes. À Thuin, le rose domine en la présence du fan club Epilation First.

À Vosges !

Place désormais à l’un des plus grands rendez-vous de la saison, le Tour des Vosges ! Plus que quelques fois dormir et le village de Plaine vibrera au rythme de la caravane du Tour et des exploits du peloton. Le Grand Tour, c’est déjà demain ! Alors, pour reprendre une expression du coureur énergique de la 2nd Sess, Vincent Potvin:

« À Vosges !« 

Pour tout savoir sur les classements des Routes Noires et de la saison, consultez la page classement dans votre espace BCF !

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