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Belgique, mère chérie

Nous y sommes. Le National BCF est terminé. Un mois complètement fou, d’effort, de vélo et de passion. Fin avril, les challenges et les secteurs à points avaient tous rendu leur verdict. Décryptage, analyse et résultats.

Quand on aime, on ne compte pas

Premier constat de ces Championnats de Belgique, cela frotte sérieusement dans le peloton ! Sur 30 jours de challenge, il y a eu 135.000 km parcourus par 322 coureurs. C’est plus de 92% du peloton BCF présents sur les routes d’Huldenberg. Il y a aussi ce chiffre qui donne le tournis: plus d’un million de mètres de dénivelé positif sur le mois d’avril. Massive.

Rira bien qui Riga le dernier

Le suspense était au rendez-vous pour cette première épreuve de l’histoire BCF Ladies. Un véritable thriller avec son lot de rebondissements, d’attaques, d’héroisme et de coups de bluff. Jusqu’au bout.

En tête de la plupart des classements durant la majeure partie des Championnats, Mathilde Riga (WoW Cycling Team) a failli rire jaune dans la dernière semaine du National. En quelques jours, elle a vu fondre son avance sur des concurrentes très affutées. Cuvelier, Vercauten (Lotto-Soutard), Vandekerckhove (Dérailleuses) et Krug (Tchèts) passent tout près d’une remontada historique en cette fin de mois d’avril.

Mais Riga a tenu bon, termine le National à la première place (287 points) et portera le maillot tricolore toute la saison sur les classiques BCF. Elle repart également de sa Moskestraat avec le maillot Bleu (55 points, à égalité parfaite avec Vandekerckhove et Cuvelier), le maillot Vert (76 points, à égalité avec Vercauteren) et le maillot Combiné. La reine Mathilde.

Les Women on Wheels (WoW Cycling) remportent la première classique de la saison

Sweet Home Huldenberg

Chez les hommes, la loi du sol a été respectée. Miguel Van den Bogaert, le régional de l’étape, n’a laissé personne prendre possession de son fief. En bâtissant son sacre sur ses qualités de grimpeurs, “VDB” s’est rendu sur chaque segment pour le gagner. Il finit le National avec la couronne des 6 secteurs grimpeurs et d’un secteur technique. Tout simplement royal. Miguel 1er, roi du peloton.

K7, van Afrika tot in Amerika

Drôle de nom pour une des plus jeunes formations du peloton (la majorité des coureurs ne sachant sans doute pas ce que signifie l’abréviation “VHS”), mais véritable sensation du mois d’avril, la team K7 était sur tous les fronts au National.

Parmi leurs plus grands faits d’armes, une victoire au défi de l’Endurance. Épaulés par l’ensemble de l’équipe, les deux leaders Asselberghs et Junqué ont parodié le tube de leur homonyme K3 (Van Afrika tot in Amerika) en parcourant une distance presque inhumaine. 466,54 km en une journée. Ils trônent en tête d’un classement devenu légendaire. Le club des 400 (avec J. Foguenne, P. Fouarge, L. Foguenne, Q. Jardon, A. Stas, V. Marichal, C. De Groote, R. De Moor).

Mais c’est probablement lors du défi collectif des 2000km que la Team K7 s’est révélée au grand jour. Au bout de 5 jours de route, les garçons bouclent les 2000km au lever du jour lors d’un contre-la-montre épique en compagnie de 8 autres formations (dans l’ordre d’arrivée: Domo Farm-Frites, Renowindow – White Night, Castrol Belle-Vue, Maizena-La Bottecchia, Sonner Duvel, Team ING Limal Moving Store et De Koning Quick Stoemp). On rebobine en arrière : à 7h09, les K7 franchissent la barre fatidique avec 8 minutes d’avance sur leurs premiers poursuivants. Derrière, le podium se jouent dans un mouchoir de secondes.

Collectif en puissance, les K7 avaient un troisième objectif en tête. Le contre-la-montre de Pécrot, dont le classement rapporte des points aussi bien pour le National que le maillot bleu (35). Asselberghs y finit premier avec 8 secondes d’avance sur de Radiguès (DFF, 2e) et 27 secondes sur Van den Bogaert (BBLB, 3e).

Très en vue, la Team K7 repart donc d’Huldenberg avec les honneurs, le classement par équipe (410 points devant Renowindow-White Night, DFF et MaizenaLa Bottechia), mais surtout un maillot ! Et pas des moindres. Asselberghs endosse le maillot bleu, celui de leader du peloton. Toute une symbolique pour un maillot qui, cette fois-ci, ne pouvait se remporter que collectivement (points via le défi collectif et le Time trial).

Lotto Soutard sort les gros bonnets

À la traîne en début de National et 3e du défi collectif, la formation Lotto Soutard a mis le paquet pour clôturer les Championnats de Belgique. Résultat, elles finissent en boulet de canon et doublent les Dérailleuses et WoW Cycling Team au classement par équipe.

Un exploit retentissant que la formation doit aux performances dans les dernières semaines de ces leadeuses qui se sont battues sur tous les secteurs. Emmenées par une infatigable Cuvelier, les Bauwens, Vercauteren, Lambert, Kollman, Decoster et Berger marquent des points un peu partout.

Très à l’aise lorsque la route s’élève, Géraldine Cuvelier chipe le classement de la Montagne à Riga (WoW, 2e). Dans le money time, elle passe en tête du Champs du Curé (1ère catégorie) et des Lacets de Tienne (2e), le 30 avril. À quelques heures de la clôture des classements. Coup de poker pour Cuvelier et pokerface pour Riga. Les boules rouges sont chez Lotto.

Le maillot vert a bien failli connaitre le même sort lorsque le 29 avril, Gorike Vercauteren, sprinteuse Lotto Soutard, prend coup sur coup la première et la deuxième place dans le sprint du Plateau et des Landes. Dans les Landes, elle finit à une toute petite seconde de la première place après 4 minutes d’effort (4:10 pour Riga vs 4:11 pour Vercauteren). Une seconde qui aurait pu lui offrir la tunique verte. Au final, les deux coureuses finissent à égalité parfaite dans le classement sprinteur (76 points). Mais c’est bien Riga qui est “officiellement” première au maillot vert (départage en cas d’égalité sur base du classement dans le maillot bleu).

Mon coeur déraille

Autre sensation collective du peloton Ladies, les Dérailleuses repartent du National avec une victoire haut la main sur le défi des 2000km et quelques belles promesses pour la suite de la saison. En tête de groupe, la leadeuse Vandekerckhove fait le plein de confiance avec trois podiums. Elle finit 3e du National (233 points), 2e du Combiné (189 p.) et surtout 1ère égalité au maillot bleu (55 points avec Riga et Cuvelier). Suite à la répartition des maillots (Riga en tricolore), c’est bien elle qui portera la tunique bleue sur le Grand Prix des Collines.

Endurance, l’anti juge de paix ?

L’Endurance. Voilà un défi qui aura fait couler beaucoup d’encre, mais surtout beaucoup de sueur. Considéré par certains comme une véritable mine d’or pour le maillot national (50 points), c’est également un défi qui aura laissé des traces. Chiffres à l’appui.

12 000
C’est le nombre de km parcourus le 24 avril (le plus gros total quotidien du National). Hasard du calendrier ou pas, plusieurs formations avaient coché la date pour tenter leur chance dans ce défi mercenaire. À une semaine de la clôture, cela risquait pourtant de laisser des traces dans le sprint final.

0
C’est le nombre de points marqués par les deux champions nationaux (Van den Bogaert et Riga) pour qui l’endurance ne semblait pas figurer au programme des Championnats.

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C’est le nombre de records personnels sur les autres secteurs battus par Asselberghs (Team K7) après son exploit du 24 avril (1ère place, 466km). Au départ de la dernière semaine, il était pourtant en tête du maillot vert et 2e du Combiné (Kominator termine finalement 6e et 3e). Certains coureurs racontent également l’avoir aperçu dépité, mais remonté, tenter une dernière fois sa chance sur les segments grimpeurs aux alentours de 21 heures le 30 avril. Sans succès.

330
C’est le nombre de kilomètres parcourus par Valentine Krug et Alex Faes (Les Tchèts) lors de leur “Relaxing day at the beach“. Un exploit retentissant réalisé en toute subtilité le 30 avril, dernier jour du challenge. Elles terminent 5 kilomètres plus loin que Vercauteren (Lotto Soutard). Dikke Proficiat !

Un plateau très relevé

On faisait parfois la file sur les secteurs sprinteurs tout au long du National. Un plateau de prétendants très relevé. Voire trop relevé pour Bourgoignie (Nénu Cycling), ex-double maillot vert ? Totalement absent du National, le taureau du Fort-Jaco laisse derrière lui un tableau qui n’aura jamais été aussi ouvert ! Classement à rebondissement, le maillot vert est passé par de multiples épaules au fil des jours dans le Men Pro Tour. Aux ténors du sprint sont venus s’ajouter quelques jeunes loups désireux de se faire une place au soleil. Ou, au moins, dans les roues (Villenfagne, Wijngaard, Carette, Goethals, Asselberghs…).

À quelques jours du terme, la messe paraissait dite. Servi sur un grand plateau par la joint venture Nénu-Renmans-DFF-Lidl, Wijngaard (Lidl-LVMH) s’emparait du maillot vert en s’adjugeant le sprint du Plateau. Mais c’était sans compter sur l’organisation d’une Maizena déconstipée depuis son association avec La Bottechia. Toujours très tactiques et présents dans la dernière semaine (cf. le hold up manqué lors des défis de novembre 2020), les italiens terminent le National en beauté et placent Istace sur le toit du maillot vert (76 points). En délaissant volontairement les défis qui ne rapportent pas de points au classement par équipe, les Maizena tapent là où ça fait mal et repartent en bonus avec une belle 4e place collective.

Istace (Maizena – La Bottechia), nouveau porteur du maillot vert.

One for the cobbles

Surprise de cette fin de National, Bonneville Cycling dévoile l’arrivée d’un nouveau maillot dans le peloton. Un maillot pour faire honneur aux puristes. Aux flandriens et aux puissants acrobates sachant piloter leur monture lorsque la route est capricieuse. Les points du maillot technique sont remportés sur les secteurs pavés ou les routes blanches. A partir de la prochaine classique, les points techniques intégreront le calcul du maillot combiné (points en fonction de 3 niveaux de difficulté).

Les motifs du maillot représentant l’irrégularité des pavés ou des gravillons que l’on retrouve sur les secteurs techniques.

Chez les hommes, le maillot technique s’est joué à un pavé. Présents dans le top 5 des trois secteurs catégorisés, les écarts sont minimes entre Van den Bogaert, Carette (Renmans – Agrigeer) et De Moor (Castrol – Bellevue). Pour une seconde d’avance sur Carette dans le Raffelberg, c’est à nouveau VDB qui l’emporte. Il termine premier (84 points), devant Carette et De Moor (2e égalité, 79 points). VDB portant le maillot national, c’est De Moor qui affichera les couleurs du classement technique sur la prochaine classique (il passe “officiellement” 2e suite à un meilleur classement au maillot bleu que Carette).

Tiercé complet chez les Ladies pour Lotto Soutard qui tire tous les numéros gagnants. La formation place 3 coureuses sur le podium du classement technique: Cuvelier (77), Vercauteren (74) et Lambert (57). Les deux premières citées portant déjà les pois et le vert, c’est Lambert qui représentera le classement technique lors de la prochaine classique. Un honneur au moment de se confronter aux bergs et pavés les plus légendaires du cyclisme flandrien lors du Grand Prix des Collines.

Super Combatif, Just wanna be on my Bike

Dernier verdict du National, l’attribution du maillot de Super Combatif au sein de chaque peloton. Ce maillot est attribué à la discrétion des commissaires avec pour seuls et uniques critères l’effort, le vélo et la passion.

Côté Ladies, comment ne pas s’extasier devant la prestation de Krug et Faes lors de ce fameux Relaxing Day at the Beach. 330 kilomètres sortis de nulle part. Juste le temps de passer prendre une glace chez Marie Siska. Les coureuses Tchèts ont frappés fort et méritent toutes les deux de porter la tunique rouge arc-en-ciel. Puisqu’il faut n’en retenir qu’une seule, le jury décerne le prix de super-combatif à Valentine Krug. En finissant 4e du maillot Combiné, Valentine y a Krug jusqu’au bout et s’est battue sur tous les segments.

Chez les hommes, décerner un seul prix n’est pas plus simple. Premier scoop: le Super Combatif ne fait pas partie du club des 400. Cela peut surprendre, mais il faut considérer ce club comme quelque chose d’à part, d’intouchable. Un club qui restera dans la légende. Pour l’éternité.
Toutefois, le Super Combatif du National n’a pas non plus démérité en finissant 16e de ce défi avec une sortie de 322 km, “juste pour la forme“. Et 3175 m de dénivelé positif (de très loin le chiffre le plus élevé au sein du top 20 Endurance). Présent dans tous les classements, il finit 6e du Combiné, 5e du maillot vert, 11e des pois, 3e du technique et surtout 3e du National (1 point devant J. Foguenne, 4e). Après des années de galère, son directeur sportif peut lui dire merci. Le maillot du Super Combatif revient à Mathieu Carette, nouveau leader de Renmans – Agrigeer*.

Verhaegen, Super Combatif du Tour de Bonneville 2019 (ici au sommet du Mur de Huy).

Parmi les prétendants au titre de Super Combatif, nous aurions également pu citer d’autres grands animateurs comme les frères Foguenne (Renowindow Withe Night), Marc Loveniers, coureur avec le plus de kilomètres durant le National (1521 km, De Koning Quick Stoemp). Ou encore l’ensemble de la formation DKQS qui parcoure 9307 km en avril, 2600 km de plus que Renowindow – White Night (2e).

Finalement, les commissaires BCF tiennent également à remettre une mention spéciale aux frères Philippart, les deux rouleurs de la formation La Chatte – Magerotte. Leur professionnalisme et leur dynamisme ayant permis de tenir à jour un classement provisoire des secteurs à points tout au long de la deuxième quinzaine du National.

Le plat pays, qui est le leur

La reine Mathilde et Miguel 1er repartent d’Huldenberg avec le maillot national sur les épaules. Une tunique de prestige qu’ils porteront toute la saison et qui force déjà le respect dans le peloton. Mais au-delà des classements, des maillots distinctifs et des segments, c’est bien la saison BCF qui est lancée. Les présentations sont faites et le décor planté pour les prochains grands rendez-vous. Avec en ligne de mire, le Grand Prix des Collines et le contre-la-montre par équipe du 12 juin.

Une saison BCF qui, comme l’a prouvé le National, ne se laissera pas abattre par la crise sanitaire. Au contraire. Le grand gagnant du mois d’avril, c’est évidemment le vélo. Au-delà des titres et des champions, nous avons vu de l’effort et de la passion. C’est tout ce qui compte.

*Selon plusieurs bruits de couloir, Ronny Renmans (sponsor principal de Renmans – Agrigeer) aurait promis le poids de ses coureurs en américain si l’équipe terminait le National avec un maillot dans ses valises. Tiendra-t-il parole après le titre du Super Combatif de Carette ?

I just wanna be On my Bike.
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