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8 heures plus tard.

C’est une première dans l’histoire du peloton BCF. Sur le circuit automobile de Chimay, les formations s’affrontaient dans un format endurance. 8 heures d’effort, de vélo et de passion à se relayer sur la selle. Récit d’une classique pas comme les autres.

Un joli « chaos organisé » lors du départ Le Mans (ici le peloton Women Pro Tour).

Run & Bike

Durant les 8 heures d’épreuve, il y en avait pour tous les gouts et pour tous les muscles. Car en plus de la victoire finale, de nombreux autres prix étaient en jeu. Dès le départ « Le Mans », le trophée du biathlon mettait le peloton au défi avec un objectif simple. Courir le plus rapidement possible les 150 mètres séparant la ligne de départ à son vélo avant de traverser les 800 mètres de chicanes du village BCF.

Un effort violent, à réaliser les muscles froids. Mais qui aura fait chauffer les méninges des directions sportives toute la semaine. Quelle tactique aborder ? Chaussures à clips, chaussettes ou semelles plates sont au coeur des débats. Si la dernière option est certainement la plus favorable pour la course à pied, elle risque de pénaliser la suite de l’épreuve sur le vélo. Un pédalage moins fluide sur le reste du circuit et c’était déjà prendre le risque de voir le peloton de tête s’échapper ? Par crainte d’un tel scénario, certaines formations opteront d’ailleurs pour un changement de chaussures au moment de grimper sur le vélo. Si ce choix fut plutôt catastrophique dans la course au biathlon, elle permit néanmoins de conserver un coureur en pleine possession de ses moyens en début de classique et d’éviter un passage précoce par les paddocks.

Attention, cas d’école ! On constate toute la peine de Louis Jadoul (Farhbar), à la traine et très peu à l’aise au moment d’aborder le virage en chaussures à clips. Devant lui, c’est le festival des baskets et de la chaussette.

À l’issue d’un départ spectaculaire, plusieurs grands noms du peloton s’imposent sur ce premier biathlon. Chez les femmes, Van Belleghem (8L) fait le plein de confiance devant Guyot (La Flamme) et Adam (Brussels Unchained). En Men Pro Tour, Nolf (Camber Krefel) remporte le deuxième titre de sa carrière (après le Sabourin 2022). Il est talonné par Quentin Borcy (EF-Bon Secours) et Berger (La Dalle). En Continental, Van Raemdonck (GO FONT DUVEL’o) s’impose largement devant Adans-Dester (ASAP-Gramitherm) et Dille (Babylon By Bike).

Permis de Séduire

Élément indissociable de certaines courses relais de renoms (24h LLN, Bois de la Cambre), le prix du folklore était un des autres trophées en jeu sur le circuit. Si trop peu de formations se sont risquées à ce concours d’originalité, celles qui s’y sont mises savaient comment faire plaisir au peloton. Chez les hommes, la formation Novicebar offrait la tournée avec sa charrette baby transformée en plateau de bières géant. Dans la division supérieur les coureurs Epilation First, toujours très inspirés et à cheval sur la sécurité, martelaient le slogan des « 3S » si cher à la fédération en distribuant des préservatifs à effigie de la direction de course (merci encore).

Mais comme souvent, c’est au sein du peloton féminin que la concurrence était la plus rude pour le titre frisson de la journée. Avec un vélo décoré aux motifs olé olé de l’équipe, les coureuses Lotto Soutard offraient au peloton un peu d’évasion et surtout la chance unique de remporter … 20.000€. Du moins si le jeu à gratter distribué s’avère gagnant. Plus envoutante encore, la Wheel de la fortune des coureuses 8L aura animé une bonne moitié du peloton sur la journée.

Mais puisque l’amour gagne toujours, les 8L partagent le trophée du folklore avec la formation la plus hot des paddocks. Avec son permis de séduire et un numéro d’appel accessible toute la journée pour passer ses déclarations d’amours anonyme, La Flamme a fait chavirer le coeur du peloton. Malheureusement sans doute frustrés de ne pas avoir reçus de déclaration anonyme à leur égard, les commissaires et notre huissier maitre Moia ont évincé La Flamme du trophée lors de la remise des prix. Depuis lors, celles-ci se seraient rabibochées avec l’huissier des stars et la star des huissiers. Et c’est tant mieux ! Car elles méritent évidemment, tout autant que la 8L, de repartir avec le prix du folklo.

C’est très apprécié. Merci.

X-Factor

Événement surprise de la journée, une compétition de cyclocross s’est déroulée en milieu d’épreuve. Sur un parcours technique mais rapide, une trentaine de coureurs et coureuses ont tenté leur chance au départ des Championnats du Monde Cyclocross de Chimay de BCF. Pour espérer revêtir ce titre très convoité et le seul maillot arc-en-ciel du peloton, il fallait franchir la ligne en premier au bout de 8 tours à bloc. Bref, une vraie épreuve de flandrien. Pas étonnant dès lors de retrouver au départ presque tous les candidats au maillot dragibus !

Très déterminé, Olivier Pigeolet (GO FONT DUVEL’o, au centre) semblait vouloir troquer son maillot national contre la tunique mondiale dans les labourés.

Évitant les chutes et les nuages de poussières, voici le podium des trois pelotons.

  • Women Pro Tour: Alexia Faes (EF-Bon Secours), Alice (La Cavale) et Charlotte Raymond (CCC-Alfonsines)
  • Men Continental: Olivier Pigeolet (GO), Antoine Dille (Babylon) et Adrien Deknoop (Teals)
  • Men Pro Tour: Mathieu Carette (DFF), Arnaud Hendrix et Louis Jadoul (Farhbar)

Sprint Royal

Mais c’est évidemment sur la route que tous les regards étaient braqués. Et quel braquet ! Durant les 8 heures d’épreuve, les équipes se sont livré une lutte sans merci. Tant à l’avant qu’à l’arrière des classements, l’intensité de la course était énorme. Pour les équipiers, il était d’ailleurs quasiment impossible de quitter la zone des paddocks. À tel point que la buvette du circuit apparaissait étonnement vide pour une classique BCF.

Et pour cause. Au bout de ce suspense insoutenable, nous allions assister au plus beau sprint de l’histoire de la fédération ! Malgré les 8 heures de course, 4 équipes entament le dernier tour dans la même seconde en Men Pro Tour. La foule de supporters amassée autour de la ligne d’arrivée s’apprête donc à vivre un sprint aussi spectaculaire qu’inattendu. Après 8 heures sur le vélo, le champion de Wallonie Coppée (Camber-Krefel), de Walque (Wyfibox) et Hendrix (Fahrbar) n’ont d’autres choix que de lancer leur guidon pour espérer se devancer sur la ligne. Mais malgré ce dernier sursaut, même la photo finish ne parvient pas à départager les trois premiers. Tout ça pour ça, diront certains… Tout ça pour le vélo, diront les autres ! Les trois formations sont déclarées gagnantes à égalité de la plus longue épreuve de la saison. Où le cyclisme restera finalement le tout grand vainqueur.

Ceci n’est pas un montage. Pour voir la vidéo complète de l’arrivée, clique ici (@outofofficecycling).

Chez les femmes, de solides Tuesday Hiboo relèguent leurs concurrentes du podium (8L et CCC-Beryl) a plus d’un tour à l’arrivée. En Men Continental, Urbike fait de même et confirme son statut de favori depuis sa victoire lors les Championnats de Belgique de chrono par équipe. Ils prennent un tour aux Giklets et aux GO.

Zéro de chez Zéro

Si on ne retrouve que des noms ronflants au palmarès des 8 Heures, aucun observateur du peloton n’a pourtant été en mesure de pronostiquer correctement les résultats de la classique. Parmi les 150 participants au jeu du 8 Heures tiercé, le PMU BCF n’a récolté … aucune bonne réponse. Zéro ! Personne n’a réalisé le tiercé parfait en misant correctement sur le vainqueur de chaque peloton. C’est étonnant car les Tuesday Hiboo et Urbike faisaient bien parties des favoris des bookmakers en Women et en Continental.

C’est dès lors en Pro Tour que les parieurs se sont cassés les dents. En y décernant le titre à 3 équipes différentes, les commissaires avaient pourtant rendu la tâche trois fois plus facile. Mais dans ce peloton, 65% des paris voyaient la K7 s’imposer. Contre 5% pour Wyfibox et Fahrbar et 2,5% pour Camber-Krefel. Dur dur d’être un outsider.

La surprise fut donc presque total, et c’est tant mieux ! Au rayon des surprises, l’autre très bonne se nomme Molteni-Magerotte. Unis pour la journée, les coureurs des deux formations sont parvenus à se hisser à la 13e place d’un peloton continental qui rassemblait pas moins de … 50 équipes. Avec cette performance XXL, les coureurs de la MoMa marquent les premiers points bleus de leur saison et rentrent dans l’histoire en devenant l’unique joint-venture à terminer dans les points lors d’une classique en équipe. Moma ouh ouh ouh. ♬

Chambrés toute la journée par une attitude déplorable de leurs concurrents directs AIS-Erpicum, les coureurs de la MoMa ne se sont pas laissés déboussoler dans les paddocks.

Des pénalités qui font débat

Parmi les sujets chauds de la semaine, on retrouve évidemment la question des gourdes rouges. Des pénalités (2 ou 3 minutes) que chaque équipe pouvait tenter de remporter en tournant, une fois sur la journée, la roue de la fortune du circuit. Si le jeu de hasard n’aura pas fait que des heureux, il aura surtout fait débat dans les paddocks. Le sujet divise l’opinion. Une telle épée de Damoclès avait-elle sa place sur le circuit ? Il y a ceux pour qui l’unique loi doit rester celle des jambes. Et ceux pour qui un peu de suspense supplémentaire ne peut pas faire de mal au spectacle.

Quoiqu’il en soit à l’avenir, la formule sera certainement analysée, revue et pourquoi pas adaptée par des commissaires toujours aussi professionnels qu’à l’écoute du peloton. Mais une chose est certaine, sans les gourdes rouges le public n’aurait probablement pas assisté à un sprint massif aussi inattendu qu’insolite à l’issue des 8 heures de l’épreuve en Men Pro Tour.

Il fallait se montrer vigilant dans les paddocks pour éviter les pénalités disciplinaires des commissaires et celles de la redoutable roue de la fortune.

Chimay bleue

Si une équipe a souffert de la règle des pénalités, c’est bien la Team K7. Ciblée par ses concurrents directs, les verts voient rouge à maintes reprises pour un total de 8 minutes de pénalité. Une sentence qui n’empêchera pas les champions de Belgique de remonter à la sixième place du général à … 1:18 du peloton de tête. Une performance revancharde et des relais à faire sauter Cyril Saugrain qui se sont avérés bien nécessaires pour sauver le maillot bleu d’Asselberghs. À l’arrivée, il conserve à peine 11 points d’avance sur son dauphin Quentin Borcy (EF) qui fait le plein de points à Chimay en remportant le prix du folklore et en finissant deuxième du biathlon. Avec une seule classique restante au calendrier, la bataille entre ces deux hommes s’annonce explosive pour remporter le titre de leader de la saison.

Dans le peloton féminin, la situation est encore plus serrée entre Morgane de Halleux (Tuesday) et Clarisse Van Belleghem (8L). Si les deux championnes s’échangent régulièrement leur fringue depuis le début de saison, la situation n’a jamais été aussi indécise qu’aujourd’hui. Alors que de Halleux avait récupéré la tunique bleue sur le gong du Grand Prix des Collines il y a 15 jours, c’est Van Belleghem qui repart cette fois avec un avantage de … 3 points. Une situation d’autant plus exceptionnelle que les Tuesday de de Halleux (1ère) terminent devant les 8L de Van Belleghem au général de l’épreuve (2e). Si Cla’ est parvenue à doubler son éternelle rivale, c’est donc grâce à sa première place au biathlon et à la créativité de ses coéquipières sur le prix du folklore (20 points). TEAM ❤️.

Aussi à l’aise à la course qu’à la pédale, Van Belleghem s’envole vers le titre du biathlon.

Chimay rouge

L’arrivée du vélo adapté des habitants de Côte-à-Côte restera certainement l’une des sensations de la journée sur le circuit. Entouré d’une parade rouge, Nicolas est le premier à débouler au sein du peloton BCF, côte-à-côte avec d’anciens lauréats du prix de la combativité. Une parade à l’initiative même de ces coureurs combatifs qui, un jour ou l’autre, ont réalisé quelque chose d’exceptionnel sur le vélo.

Depuis quelques jours, ces derniers se sont d’ailleurs rassemblés au sein du groupe Whatsapp le plus select du peloton. La règle est simple: tu reçois la combativité, tu es invité à chatter avec nous. Un « groupe des sages » qui, selon certaines rumeurs, pourrait même avoir un rôle dans l’attribution future de la combativité.

Un titre que méritent évidemment tous les habitants de Côte-à-Côte Emilie, Nicolas, Joël, Emmanuelle et les autres, toujours très applaudis à chaque traversée des paddocks !

Moeyersoms (K7) et Nicolas (Côte-à-Côte Cycling) s’échappent du peloton des combatifs !

Pour l’attribution du prix lors des 8 heures de Chimay, les commissaires ont cette fois fait appel aux candidatures des membres du peloton. Et comme d’habitude, c’est une tonne d’histoires, d’effort et de passion qui méritent d’être racontées. Mais puisqu’il faut choisir, voici la sélection des plus beaux gestes de la journée.

Chez les femmes, Ghyliane (8L) aura fait honneur à son statut de combative obtenu lors du Tour du Condroz (2022). Dès l’arrivée de Côte-à-Côte sur le circuit, elle n’a plus quitté la roue du vélo adapté et l’encadre sur chacun de ses tours de piste. À côté d’elle, on peut saluer également les efforts des courageuses flandriennes qui se sont alignées sur le parcours du cyclocross. Comme Astid Lahousse (WOW). Malgré la fatigue due à une équipe sous représentée sur le circuit (3 coureuses), la Lionne des Flandres s’est mise à plat sur le segment flandrien pour espérer revêtir le maillot en fin de saison. Mais le choix des commissaires s’est finalement porté sur un autre collectif malchanceux. Entre les chutes, les crevaisons, un visage transformé en mouchoir à morve suite à un nettoyage de narine dans le peloton masculin et les arrivées tardives sur le départ du biathlon, la journée des Lotto-Soutard n’aura pas été de tout repos. Souvent à terre mais jamais à genoux, les rouges et blanches ont transformé les coups du sort en panache et parviendront à placer une équipe aux portes du podium (4e). Arrivée cette saison dans l’écurie, Noah Ligot a su faire sa place dans la lingerie. Dévouée sur le vélo et élément essentiel du vestiaire Lotto, elle incarne parfaitement l’esprit combatif de la formation. Elle est la combative de la journée !

En Men Pro Tour, une fois n’est pas coutume, de nombreux observateurs ont pointé les coureurs K7 comme candidats à la combativité. Puisque croulant sous les pénalités, l’armada verte a toujours réagi avec sourire et panache. Une telle générosité, on la retrouve évidemment aussi auprès d’autres coureurs. Leaders, lieutenants ou juste baroudeurs. Parfois aveuglés par le plaisir de rouler et de vibrer sur la selle, nous avons assisté à quelques coups de pédales héroïques. Même lorsque tout semble perdu. Comme les relais d’Alex Jardon (Renowindow), les dernières heures à tourner sur coureurs pour la « fiascolys » ou ce chasse patate solitaire d’Emile Goethals (Arc-en-Ciel), coincé entre le peloton à l’arrière et le trio Heurion (GT)-Hendrix-Coppée à l’avant. Nos pensées vont aussi à Monsieur Folf Ure (Hooba Quick Stoemp), pour sa générosité sur chacun des défis de la fédération. A bloc dans la tête, mais à plat dans les pneus (et sans doute dans les cuisses), il boucle les 8 tours du cyclocross dans la douleur et à plusieurs longueurs de la tête. Mais il était là. Comme à son habitude: généreux et sans filtre. Le modérateur non officiel de « BCF Family » vient donc de se trouver un autre groupe Whatsapp où partager sa prose. Bienvenue dans la communauté des combatifs !

Et comme si ce n’était encore assez, on clôture avec une dernière dose d’énergie au sein du peloton Continental. Parmi les nominés, des formations habituées à briller dans l’exercice de la combativité. À commencer par les CyclO’Tacos. Le genre de collectif capable d’arriver sur le circuit avec aucun vélo en état de marche, obligeant son capitaine Léo Duchateau à prendre le départ sur un gravel avec à ses pieds des birkenstock. Le spectateur neutre apprécie ! Dans la même veine, les observateurs saluent toujours autant la passion d’Arthur Vanderbreetstraeten (INS), présent au départ du cyclocross. Après être passé tout prêt du titre de la Nouvelle Star pour son interprétation de Impossible au Tour du Jura, la générosité du coureur avec le nom le plus belge du peloton rayonne toujours autant sur et en dehors de son vélo. Coup de sombrero aussi à Adrian, le coursier mexicain de la formation Urbike qui carbure en temps normal à 8 espressos par jour. Trop concentré sur les relais, il n’a pas bu une goutte de café de la journée !

Mais c’est finalement « le paumé qui a déraillé au départ du peloton conti » (selon ses propres mots) qui repart avec les lauriers de la combativité. La technique de courir à pieds nus avec les chaussures déjà accrochées aux pédales n’ayant pas porté ses fruits, François Spineux (Palestine Start Up Nation) s’emmêle les pinceaux et suscite l’hilarité des supporters. Finalement partis quelques centaines de mètres derrière le peloton, il boucle un très gros premier tour solitaire pour accrocher les roues dans le deuxième. Après 4 tours en sur-régime, il passe le relais à son leader et retourne dans les paddocks où, forcément, il devra essuyer quelques moqueries. Oui mais, voilà. Ils feront moins les malins en lisant que François, lui au moins il repart avec les 100 points de la combativité !

Roisin (CCC) n’a pas fait que remporter la méga-prime à Chimay ! Sur le circuit, elle mène le train devant le peloton masculin.

Bouquet final

Dans un mois, les pelotons s’élanceront déjà au départ du dernier volet de la saison. Depuis l’étable à cochons de la ferme des Rabanisses, la classique de la Magerotte promet encore son lot de surprises et beaucoup de spectacle à tous les échelons de la compétition. Et pourquoi pas, une belle fête de fin saison ? Affaire à suivre

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