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BCF, le flash Mercato

A deux mois des premières classiques printanières, Wielrennen magazine vous repasse le peloton BCF au peigne fin et dresse un premier bilan des forces en présence pour la saison 2020. Entre dessous de table, changement de cap chez les uns, transferts records chez les autres et premiers pas en pro pour certains, ce Mercato nous aura réservé quelques surprises.

Domo Farm-Frites, en quête de records

Très active en cé début de saison, la formation fritière peut déjà confirmer l’arrivée de 2 nouveaux coureurs. Et la surprise est de taille puisque le premier d’entre eux n’est autre que Grégoire Bryssinck, ancien Directeur-CEO de la formation. Un pari risqué pour un coureur qui n’a plus gouté à la compétition, sur le vélo, depuis 1996. En piqure de rappel, voici le profil de ce dinosaure du peloton. Un homme qu’on dit sympathique, mais ambitieux et exigeant. 

Issu du cyclocross, Bryssinck a d’abord fait ses classes en tant que coureur, avant de devenir directeur adjoint et enfin directeur sportif de la formation AG Real Estate. En 2019, il arrivait donc dans le peloton BCF avec un solide track record, mais aussi une fameuse réputation. Les coureurs sous sont égide relatent tous avec admiration et respect sa gouaille légendaire. Un compliment pour celui qui se fait appelé « le Gueulard » sur le circuit cyclo. Sacré sur le Tour 2019, Bryssinck pourra-t-il faire de même en 2021, sur la selle cette fois-ci? Si certains questionnent les probabilités d’un tel come-back, nous savons de source sure que Bryssinck a déjà rassuré quant à son état de forme lors de sorties hivernales ou il aurait fait “forte impression”.Bryssinck (ici au centre) en tant que Directeur-CEO sur le tour 2019.

Bryssinck (ici au centre) en tant que Directeur-CEO sur le tour 2019.

Mais le transfert le plus attendu du coté Farm Frites, c’est certainement l’arrivée annoncée en grande pompe de Geoffroy Donck. Ce spécialiste du Tri, présent au dernier critérium des Flandres, fait déjà les gros titres dans la presse spécialisée. Donck aura pour mission de compléter le “Wolf Pack” maison. Bénéficiant de davantage de liberté sur le calendrier des classiques, Donck devrait en revanche servir d’équipier de luxe pour ses deux leaders lors des prochains grands Tours (le dernier maillot à poids, Gilles Panzer et le maillot jaune, Olivier Deknop). C’est presque par hasard que “Geoff” en est arrivé au cyclisme sur route. Il débute par plusieurs participations à la classique « 24h vélo », où son premier fait d’arme fut de rentrer dans le club très fermé des coureurs à boucler le circuit sous la barre des 4 minutes. Malgré ces débuts prometteurs, les équipes ne se bousculent pas pour lui proposer un contrat pro. S’en est suivie une longue période de « porteur d’eau ». Jusqu’à cette rencontre providentielle avec Greg-le-Gueulard, à la recherche d’un profil endurant mais surtout rageur pour completer son armada offensive. Une chose est sûre, ces nouveaux transferts confirment bien les ambisions Farm-Frites: briller sur le calendrier des classiques et, surtout, réaliser un doublé sur le Tour 2021.

Renmans, laver l’affront

Montré du doigt à l’issue du Tour de Bonneville (pour cause de tricherie et tentative d’empoisonnement, voir l’article ici), la formation flamande aura a coeur de redoré son image en 2020. Sous interdiction de transfert pour les raisons évoquées ci-dessus, les protégés de Ronny Renmans ont du faire preuve d’imagination pour étoffer l’effectif. A l’instar des Domo Farm-Frites, la Renmans se lance dans une opération insolite: transformer leur directeur sportif en pur grimpeur, capable d’accrocher les meilleurs sur un grand Tour. Un coup de poker osé quand on sait que la seule experience de Nicolas Bigliani en tant que coureur remonte à une avant-dernière place lors à la Kermesse de Malèves-Sainte-Marie-Wastinnes en 2007. Tout juste revenu de suspension (toujours pour les faits exposés plus haut), celui qu’on surnomme le “laxatif” compilera les mandats de coureur-manager.

Les Renmans-Primus au départ du contre la montre par équipe du Tour de Bonnveille. Le projet d’empoisonnement était-il déjà sur pied?

Si la plupart des observateurs se montrent sceptiques sur les chances de succès de cette reconversion, le sulfureux directeur sportif est lui très confiant et annonce une “véritable boucherie” Renmans en 2020: 

““Après une victoire d’étape sur le Tour 2019, Renmans voudra confirmer son statut de meilleur équipe du Limbourg. Styzl recevra sa carte en tant que leader sur le calendrier des classiques. Sur le Tour, il devra bosser au côté de l’équipe puisque le leadership restera dans la familleBigliani”. Reste à savoir qui du cadet Charly ou de l’ainé Nicolas aura l’étoffe d’un maillot jaune…

Chatelain à la Molteni, Dethier chez Ludos

Les directeurs sportifs s’agitent également au sein des autres formations. Du coté Molteni, on parle de 2 à 3 renforts pour entourer le petit ramoneur la saison prochaine. Soucieux de la capacité de son leader à amasser les kilomètres seul devant, la formation italienne cible un rouleur de type costaud derrière lequel Verhoustraeten pourrait se protéger en suçant les roues. Après une tentative infructueuse d’attirer dans ses rangs Jim Bourgoignie (maillot vert du dernier Tour), la Molteni aurait jeté son dévolu sur le néophyte belgo-congolais Gilles Chatelain. Rien n’est encore officiel à ce sujet, mais on relate des discussions très avancées qui pourraient aboutir dans les prochains jours.

Chez les Sterkes Ludos, l’intersaison n’était pas non plus de tout repos. Après un tour remarquable par sa couverture médiatique, mais décevant par ses résultats, la formation amateur souhaite opérer un recrutement ambitieux malgré un budget que l’on sait limité. Comme pressenti avant le dernier Tour, c’est finalement le coureur wallon François Dethier qui rejoint la formation flamande. Il y retrouvera son comparse huttois et ami Romain Dufrasne (dont on prédit le plus grand bien depuis son véritable numéro sur le dernier Critérium des Flandres). Homme fort de ce Mercato, on saluera une nouvelle fois l’intelligence, le flair et le travail remarquable accompli par le directeur sportif de la formation, monsieur Hubert. Dans un contexte budgétaire électrique, Hubert aura encore faire jouer son réseau dans le cyclisme amateur wallon afin de court-circuiter les plans de nombreux recruteurs avides de signer Dethier dans de plus grandes écuries.

Le directeur sportif, monsieur Hubert, assiste au passage du coureur Renmans Laurent Jalatreppe dans le mur de Huy.

Lucky “strike” la William

Mécontent de sa visibilité suite à l’absence totale de ses coureurs sur les podiums du dernier Tour, le sponsor principal de la formation a décidé de prendre les choses en main en se plaçant seul à la tête de l’équipe. Exit donc les sauces William, Lucky Strike aura désormais les plein pouvoirs sur l’ensemble des décisions budgétaires et sportives de la formation. Et les changements n’ont pas tardé: 2 transferts entrant signés coup sur coup en la personne de Louis Lasagna (sprinteur) et Edgard Boudin (baroudeur). Interrogé sur les dernières arrivées et le changement de cap de l’équipe, le Directeur sportif Dylan Everard préfère relativiser: 

“Nous n’avons pas à rougir de nos performances lors du dernier Tour de Bonneville. Rappelons que nous sommes la seule équipe à placer 3 coureurs dans le top 10 au général et que nous repartons avec le maillot rouge de super-combatif. Lucky Strike est un sponsor qui correspond bien à l’équipe puisque nous partageons les mêmes valeurs. Le fait qu’ils aient les clefs du management devrait apporter plus de vision et de stabilité. On le voit déjà avec les nouveaux transferts qui renforcent l’équilibre de l’équipe. Avant l’arrivée de Lasagna par exemple, nous n’avions pas de profil de pur sprinteur. Ca nous a manqué à Bonneville.”

Lucky Strike est un sponsor qui correspond bien à l’équipe puisque nous partageons les mêmes valeurs.

Dylan Everard

L’énigme Festina

Très silencieuse durant ce Mercato, la formation horlogère ne laisse que très peu transparaître ses ambitions pour la saison prochaine. A un point tel que certains s’inquiètent quand à l’avenir de l’équipe. Selon un informateur anonyme, la présence de la marque espagnole dans le peloton en 2020 est loin d’être acquise. En froid avec leur sponsor suite à des soucis de matériel à répétition, le management de la formation serait à la recherche d’un nouvel investisseur principal. Rien n’a encore filtré sur le sujet, mais on parle de plus en plus d’une piste sérieuse à l’étranger. En parallèle, l’équipe se positionne toujours pour l’organisation des prochains Championnats du Monde. L’organisation de ceux-ci, rappelons le, offrira la première place qualificative pour le Tour 2021. Une visibilité sans doute providentiel dans la recherche du futur investisseur. Finalement, ce Mercato énigmatique aura presque fait oublier l’essentiel et la signature d’une première recrue, Grég Chapus. Il viendra renforcer la force de frappe de l’équipe dans les sprints massifs. Au côté de Braun, il servira de rampe de lancement pour le dernier maillot vert du Tour, Jim Bourgoignie.

Verra-t-on encore le logo Festina dans le peloton la saison prochaine?

Les équipes continentales en embuscade

Derrière les écuries Pro-tour, présentes au dernier Tour de Bonneville, plusieurs formations se bousculent pour une place au soleil. C’est le cas notamment du Racing Cycling Team. Une équipe bruxelloise aux ambitions avouées. Leur directeur sportif, Arthur D’Aoustcat se confiait dans nos colonnes la semaine dernière: “Notre effectif est homogène et se connait bien puisque nous roulons ensemble depuis des années. Nous n’avons peut-être pas l’experience d’un Grand Tour, mais nos gars savent gérer la pression sportive. Je m’attends à quelques bonnes surprises cette saison, notamment sur les classiques flamandes.

Autre structure, autre ambiance. L’équipe Cycles Manhay a été créée à partir d’une petite asbl. familiale “Les amoureux de la petite reine”. Présente dans la région des Ardennes, l’association a pour objectif d’instaurer la première “Ecole des grimpeurs” en Belgique avec des sorties pour enfants organisées sur les hauteurs la Baraque Fraiture. Son président fondateur, Adelin Philippe, nous en expliquait les raisons lors de notre dernier passage dans la région: “Faute de montagne, il n’y a pas d’ADN grimpeur en Belgique. C’est comme en ski. Et ça se ressent sur le circuit. Cela fait presque 40 ans que la Belgique n’est plus repartie du Tour de France avec les poids (sic, Lucien Van Impe en 1983). Nous voulons que cela change et espérons pouvoir apporter cette mentalité d’attaquant au sein du peloton BCF.” Le moins que l’on puisse dire, c’est que Monsieur Philippe prend cet engagement très au sérieux puisque la formation s’est déjà proposée pour l’organisation d’une première classique ardennaise en 2020. La bagarre s’annonce sévère.

Phénomène annoncé du futur paysage cycliste, le projet “Tesco-Meubles Mahieu” complète ce trio de nouvelles écuries. Outre-manche, on parle d’un projet visionnaire rassemblant le meilleur des valeurs du cyclisme belge et anglo-saxon à travers une formation uniquement composée de binationaux. Désireuse de s’aligner sur la ligne de départ du prochain grand Tour, les belgo-britanniques auraient déjà remis un dossier de candidature pour l’organisation des championnats du Monde … au Royaume-Uni. Seulement, “la Tesco” n’est pas la seule à convoiter “la voie la plus courte vers le Tour”. Que se passera-t-il si ce projet ne devait pas aboutir? On voit mal une équipe anglo-saxonne s’émanciper sur le circuit belge sans l’assurance d’une visibilité auprès de son public insulaire. Rêve utopique pour certains, initiative visionnaire pour les autres, le projet “Tesco-Meubles Mahieu” n’a sans doute pas fini de faire parler de lui. Affaire à suivre donc.

Show Time

Il ne reste plus que quelques jours avant la cloture des candidatures pour l’organisation de classiques en 2020. Mais avant même la fin des inscriptions, BSO nous assure par l’intermédiaire de son Président que la saison s’annonce spectaculaire et sujette à de nombreux rebondissements.

Il y en aura pour tous les goûts en 2020. Les dossiers de classiques soumis par les équipes sont de très grandes qualités et, surtout, extrêmement varié. Sans en dévoiler d’avantage, je peux vous assurer qu’il y aura des sprints, des cols et mêmes de fameux chronos. Sans oublier la tenue des premiers Championnats du Monde. Il faudra avoir un effectif bien complet pour briller sur tous les tableaux…

Christian Preud’homme, président BSO

A quoi ressemblera le peloton en 2020 et quels seront les moments phares de la saison? Une fameuse partie du voile sera dévoilée dans les prochaines semaines avec la publication par Bonneville Sport Organisation du calendrier officiel de la saison 2020. En attendant, les formations continuent de peaufiner leurs conditions, d’affiner leur stratégie et pour certains encore … de recruter les maillons manquants à la chaîne de leur leader.

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