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La chronique du Tour du Condroz

Ce 13 avril, le Tour du Condroz marquait officiellement le début de la saison des classiques BCF. Et pour ce premier exercice en peloton, les formations affichaient grand complet au départ du château de Ry. Récit d’une journée entre soleil, vélo et découvertes des nouveaux ténors du peloton.

Nous sommes au mois d’avril. Tout le monde roule en court. Première difficulté de la journée pour les coureurs BCF: s’acclimater à ces conditions inhabituelles sur la route des Classiques.

On prend les mêmes ou on recommence ?

Hormis au sein des pelotons Pro Tour où les deux ogres de la fédération continuent de remplir leur armoire à trophée, le Condroz ne couronne que des vainqueurs insolites. Une bonne nouvelle pour le spectacle et le suspens de cette saison qui débute sur les chapeaux de roues !

Men Continental, avis de recherche. Ou sont passés les favoris ?

En Men Continental, la lutte pour le maillot bleu ne semble jamais avoir été aussi ouverte. Comme souvent en début de saison, nous (re)découvrons des coureurs et des formations qui avaient besoin d’un temps d’adaptation avant de voir éclore leur plein potentiel. De retour avec plus d’expérience, mais surtout une meilleure préparation tactique, physique et collective des cracks devenus grands bousculent la hiérarchie établie sur le Continent.

Victorieux à Mohiville, Marin Giot (Wanty Gobelets) et Thomas Warnier (Feestina) incarnent à merveille cette nouvelle génération de champions décomplexés. Lors d’un sprint spectaculaire, les deux hommes remportent le premier succès de leur carrière. S’ils sont placés à égalité sur la ligne d’arrivée par les commissaires de course, c’est parce que dans la tempête du sprint final, Giot est gêné par une spectatrice. Pour éviter le naufrage, Marin baisse la voile et vire de bord. Il sera finalement reconnu vainqueur au même titre que Warnier qui réalise la grosse opération en endossant le maillot bleu par dessus le marché. Un homme à suivre donc, les adversaires sont prévenus. Thomas Warning.

Autre révélation de la saison dernière, Yeho (Urbike Efarmz) confirme que les espoirs placés en lui sont aussi grands que son gabarit. Il complète le podium à 17 secondes du duo Giot-Warnier. Derrière ce podium insolite, les poursuivants sont relégués à plus de 1 minute 30. Un top 10 dans lequel on retrouve les cadors Semal (Betafence, 7e) et Manza (Copains Porteurs d’Eau, 8e). Mais surtout un autre paquet d’outsiders qui confirment que pour leur deuxième saison dans le peloton, il faudrait compter sur eux : Castermans (Urbike), Nelson (Duvel), Gueuning (Jumbro’), Thierry (Asphalt). À noter également, la performance cinq étoiles et l’énorme progression de Gaspard Dehaspe qui réalise au Condroz le premier top 10 de sa carrière (et de son équipe INS). Ce n’est que bien plus bas dans la hiérarchie condruzienne qu’on retrouve les favoris des bookmakers Pigeolet (GO) et Melin (Duvel). Ils terminent respectivement 27e et 30e de cette édition pleine de surprise.

Au rayon des confirmations après une saison d’adaptation, nous citerons également la solide performance tactique de la Redoutable Joax. Malgré les déboires mécaniques du leader Verzuu, le collectif a parfaitement jouer son rôle pour entourer le maillot vert Maxime Jacques qui fait le plein de points sur les sprints et repart du Condroz avec le maillot à points en supplément.

À l’arrivée, R. Van de Werve (Casseurs Watters) cède le maillot bleu continental qu’il partageait avec C. De Groote (Waterloo). Ici dans le secteur Strade Bianche d’En Bry.

Women Conti’, le nouveau son de Manon

En Women Continental, la sensation s’appelle Manon Déom (Novicebar). Sur les routes du Condroz, la Lionne des Flandres rappelle que ses origines sont bien ardennaises et qu’elle grimpe aussi vite qu’elle avale les pavés. Déjà très en jambes lors du challenge Tom Boonen de Roubaix, Manon confirme donc son excellent début de saison avec une première victoire de prestige. Partie en échappée dans la vallée, Manon était la seule debout voilà pourquoi elle remporte cette classique avec … 7 minutes 30 à l’arrivée. Mais non ? Mais si, c’est Manon Déom !

Derrière, la championne de Belgique Celine Bassine (Stoemeuleuses) sauve les meubles et surtout son maillot bleu en accédant à la deuxième marche du podium, 3 petites seconde devant Adeline Marez de la formation Boram Han Ouais. Pour compléter le haut du tableau, La Roue Libre réalise la solide performance de placer trois coureuses dans le top 10 (Coppée, Fennane, Gobert). Un numéro quasi égalé avec deux coureuses pour La Guidoline (Van Tichelen, Peeters) et Novicebar (Déom, Jourdan). Finalement parmi toutes ces écuries XLL, les Dérailleuses parviennent encore à placer Jeanne Adam (7e) dans la cour des grands.

Avec le maillot Flandrien sur les épaules, Déom (Novicebar) s’éclate sur les routes wallonnes.

Men Régional, Nathan wie ?

En Régional, Nathan Wiertz (Heros du Guidon) s’impose dans un sprint à trois devant Gaëtan Varlet (Chatelaix Xpert) et Baptiste Humblet (Bertinchamps). Après une course tactique et éprouvante, c’est le jeté de vélo de Wiertz qui fait la différence puisque les trois hommes passent la ligne dans la même seconde. Composé presqu’intégralement de coureurs dont c’est la première saison BCF, le reste du top 10 permet d’y voir plus clair sur les hommes à suivre et peut-être les bonnes affaires des futurs mercatos au sein de ce peloton régional: Dethienne (Astana Vista Baby), Pappens (69 Dents), Morelle (Bob BC Club), Delsart (Bike Club), de Changy (69 Dents), De Vliegher (CylO’ Tacos), Goosens (Bob BC).

Dans un peloton très jeune, il faut remonter à la 27e position pour trouver un candidat au maillot noir avec Baptiste Erpicum (AIS). S’il termine en tête de sa génération, c’est bien Demeulemeester (AACB) qui endosse la tunique noire grâce aux points engrangés durant le National. Autre coureur expérimenté à s’illustrer, Kim Smouter (Brussels Unchained) conforte lui son maillot vert sur les 3 sprints de la journée.

Nathan Wiertz (à g.), à table avec les grands (Bassine, Asselberghs, de Halleux, Warnier)

Men Pro Tour, l’acide tactique

La messe est-elle déjà dite pour la saison 2024 du Men Pro Tour ? Au vu des résultats de ce début de saison, on peut se poser la question. Si la formation K7 a du lutter jusqu’au bout pour placer son … 3e meilleur coureur sur le toit de la Belgique, la concurrence était moins prononcée lors du Tour du Condroz où l’inévitable Paul Asselberghs a rappelé à tous ses concurrents que le boss du circuit, c’était bien lui. Pourtant le mercato d’inter-saison et les passes d’armes du National laissaient présager une bataille plus indécise au sein du peloton élite. Mais c’était sans compter sur la longueur d’avance tactique de la formation la plus titrée de la fédération.

Dès l’entame, la K7 cadenasse la course et étouffe les opportunités d’échappée en plaçant ses rouleurs à l’avant. Le rythme est soutenu tandis que la sélection naturelle opère en queue de groupe. Dans le final, ils sont encore 4 et les hommes en verts comptent bien profiter de cet avantage numérique. Au pied du triple mur de Nettinne, Houriez imprime un rythme infernal pour isoler ses leaders. Surpris, Stas et Decoene doivent jeter des forces précieuses pour recoller. C’est le moment choisi par Asselberghs et Chevalier pour sortir tour à tour. Derrière, c’est l’asphyxie collective. Il n’y a plus personnes pour les suivre. La K7 s’envole donc vers un doublé et une nouvelle leçon tactique à la concurrence.

Souvenir pour la vie d’une « journée en bleu » pour M. Junqué (top 13 Tour des Vosges). Ici entouré de l’armada K7 qui cadenasse le peloton.

Si on ne peut que ce réjouir d’une envolée tactique au sein du peloton, on doit malgré tout tirer la sonnette d’alarme auprès des autres formations. Car si celles-ci espèrent venir à bout des ambitions cannibales de la K7, il va falloir prendre ses responsabilités et envisager de courir encore plus intelligemment. Sans quoi, le contrôle de la course restera sans doute aux guidons hommes d’Asselberghs. US K7.

Women Pro Tour, The Hors-Catégorie Show

Si la victoire de de Halleux (Tuesday) en Women Pro Tour laisse présager d’une suprématie similaire au peloton masculin, la réalité de la course est toute autre. Jamais auparavant autant de coureuses ne s’étaient présentées ensemble pour la victoire finale. Parties à quatre dans une échappée au long cours, de Halleux devance au sprint les révélations Sanne De Clerck (2e) et Anneleen Van Kuyck (3e). Pour leur première classique, les deux coéquipières Hors Catégorie passent tout près d’un doublé historique. 4e à l’arrivée, Van Belleghem (8L) hérite pour Pâques de la médaille en chocolat. Un résultat qui confirme que, face à des adversaires plus puissantes en sprint, Van Belleghem doit tout tenter pour faire la différence avant le dernier kilomètre et espérer s’imposer.

Le message envoyé à la concurrence par Hors Catégorie a visiblement été reçu 5 sur 5 puisque la nouvelle formation place 5 coureuses dans le top 10 (De Clerck, Van Kuyck, Sanders, Lucairain et Scheyltjens). Mais d’autres recrues du mercato ont également fait forte impression à l’image de De Backer (La Flamme, 6e) ou des coureuses Epilation First De Groote (8e) et Descombes (11e).

Solide performance de La Flamme qui parvient a hisser Maya De Backer (6e) au sein d’un top 10 très relevé.

Retour en hiver

Voici donc le compte-rendu sportif d’une première classique aussi chaude sur le vélo qu’au village d’arrivée. Un suspens décuplé et une classique animée par de nouveaux champions pour le plus grand plaisir du spectateur neutre. Mais au-delà des exploits des coureurs et coureuses les mieux placé.es au général, c’est encore une fois le dépassement de chacun.e des participant.es qui aura touché en plein coeur les amateurs du cyclisme amateur. Tout aussi bouleversants, ces récits de courses, d’effort et de passion à tous les échelons seront bientôt révélés par le collectif des combatifs dans l’attribution du titre du même nom.

En attendant, vive le vélo et vive la passion.

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